Huile de palme : mettre fin à la déforestation

9 mars 2017
Aujourd’hui la commission environnement et sécurité sanitaire des aliments du Parlement européen a adopté un ambitieux rapport qui s’attaque à la déforestation induite par l’huile de palme et ses conséquences humaines et environnementales. Ce rapport est le fruit d’un long travail de mobilisation des Verts au Parlement européen.
L’huile de palme est utilisée dans l’UE à la fois pour la production alimentaire et celle de biocarburants. Alors que 20% de la déforestation au cours des 20 dernières années était due à la culture d’huile de palme, la demande croissante de cette matière première continue d’exercer une pression sur l’utilisation des terres et génère d’importants impacts sur les communautés locales, la santé et le changement climatique.

Au niveau mondial, les principaux producteurs sont de très loin la Malaisie et l’Indonésie. Récemment, l’Indonésie est devenue le troisième plus gros émetteur de CO2 dans le monde. Au niveau local, les effets concrets sont nombreux : feux de forêts géants, asséchement des rivières, érosion des sols, réduction de nappes phréatique, pollution des cours d’eau, destruction d’habitats naturels rares avec menace pour la survie d’un grand nombre d’espèces, destruction de la forêt tropicales et des moyens de subsistance des communautés qui en dépendent.

L’huile de palme est également tristement connue pour les effets délétères de sa production sur les droits humains de populations indigènes et des petits producteurs. De nombreux accords fonciers enfreignent le principe d’accord libre, éclairé et préalable des communautés locales et les entreprises faisant commerce de l’huile de palme sont généralement incapables de prouver avec certitude que leur chaîne d’approvisionnement n’induit pas de la déforestation.

Interdire les agrocarburants à base d’huile de palme

L’Union européenne porte une lourde responsabilité mondiale dans ce désastre écologique et social, car elle importe des produits issus de déforestation illégale : près de la moitié des forêts illégalement rasées est utilisée pour la production d’huile de palme à destination du marché commun, et 18% de toute l’huile de palme illégalement produite arrive sur le marché européen. Le secteur des transports consomme une grande partie de l’huile de palme importée.

A l’issue de ce vote, Michèle Rivasi, députée européenne membre de la commission Environnement, santé publique et sécurité alimentaire au Parlement européen réagit :

« 45 % de l’ensemble de l’huile de palme importée en Europe a été consommée dans le secteur des transports (en augmentation de 34 % depuis 2010). Il est donc urgent de réagir, car cette huile, qui est utilisée comme aliment pour la consommation humaine aux quatre coins du monde et de plus en plus dans la nourriture industrielle sert maintenant de plus en plus à alimenter nos voitures. Or le processus de fabrication d’agrocarburants à base d’huile de palme émet beaucoup plus de gaz à effet de serre que pour le diesel conventionnel du fait de la déforestation qu’il implique. C’est pourquoi cette résolution demande à la Commission d’interdire l’utilisation de l’huile de palme comme agrocarburant « préférablement » d’ici 2020. »

« Nous avons également demandé à la Commission européenne de mettre en place un protectionnisme écologique qui permettra d’augmenter les droits d’importation pour l’huile lié à la déforestation. »

Vers une culture responsable de l’huile de palme

Il est possible de cultiver l’huile de palme de façon responsable, à condition qu’il n’y ait pas de déforestation, qu’aucune plantation ne soit établie sur des tourbières, que des techniques agroécologiques de culture soient mises en œuvre et que les droits des travailleurs et de la propriété foncière soient respectés. Pour que cela devienne une réalité, nous avons besoin de règles contraignantes pour les chaînes d’approvisionnement des importateurs de produits agricoles, afin de garantir une chaîne d’approvisionnement en huile de palme parfaitement durable d’ici 2020, en accord avec la Déclaration d’Amsterdam sur l’huile de palme.

Les consommateurs devraient être en mesure de savoir avec certitude qu’ils ne contribuent pas à la déforestation et à l’accaparement des terres. Pour cela, un étiquetage obligatoire sur l’origine ainsi qu’une réelle mise en application des schémas de certification pour les entreprises qui vendent de l’huile de palme sont d’importants outils.

De plus, alors que la Commission est appelée à présenter un plan d’action contre la déforestation et la dégradation des forêts, il est nécessaire d’établir un mécanisme de dépôt de plaintes afin d’assurer un accès à la justice pour les victimes des abus des entreprises. Pour combattre l’accaparement des terres, les investisseurs européens devraient tenir compte de l’ensemble des standards internationaux en matière d’investissement agricole responsable et durable, notamment les lignes directrices volontaires de la FAO sur la propriété foncière et les principes directeurs sur le commerce et les droits humains.

Ce rapport d’initiative sera adopté définitivement en plénière dans les prochaines semaines.

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