ITER : premier coup de rabot budgétaire du Parlement européen
Pour les députés écologistes, la seule solution rationnelle et responsable est de stopper ce projet avant que la principale phase de construction ait débuté. Yannick Jadot et Michèle Rivasi, tout deux membres de la Commission chargée des questions énergétiques au Parlement européen, analysent la situation politique de ce serpent de mer industriel : « La Commission européenne est prise en étau entre les Etats-membres, réunis au Conseil, qui défendent ITER mais ne veulent pas payer, un Parlement qui ne souhaite pas se faire imposer une dépense supplémentaire en période de crise budgétaire et l’augmentation d’un scepticisme généralisé sur la qualité et l’intérêt du projet en question. Preuve de son embarras, ses services bottent en touche lorsqu’il s’agit de répondre à des questions écrites officielles, et aucune réponse précise n’est donnée quant à l’origine des fonds additionnels promis. »
Car si les Etats-membres soutiennent officiellement le projet ITER, aucun n’est prêt à abonder son budget sur ses ressources nationales afin de compléter la hausse spectaculaire demandée. Et nombreux sont ceux qui comptent sur les budgets européens non exécutés pour alimenter leurs budgets nationaux en grande difficulté. Pour s’efforcer de les contenter, la Commission européenne a proposé de ponctionner le budget agricole de 400 millions d’euros, le budget recherche de 460 millions (et l’origine des 560 millions restants est encore un mystère.) En pleine crise agricole européenne, notamment dans le secteur laitier, ce serait aux paysans de payer ITER, alors que beaucoup aujourd’hui vivent des minimas sociaux. Il est scandaleux que le budget de la PAC ne vienne pas plutôt soutenir le revenu des paysans pour les aider à développer des exploitations durables et réguler certains marchés déprimés. De la même façon, choisir de mettre en cause de nombreux projets européens de recherche pour préférer la construction d’un mirage scientifique aux résultats attendus pour la fin de ce siècle, c’est obérer toute perspective de politique européenne de recherche dans les années qui viennent.