Tchernobyl : 34 ans après, il faut encore en tirer les leçons !

Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 de Tchernobyl, au nord de l’Ukraine, explosait et annonçait le début d’une catastrophe sanitaire. Plus de 30 ans plus tard, la contamination radioactive résiduelle est telle qu’elle interdit de vivre dans une zone d’exclusion étendue. 

 

Aujourd’hui, nous assistons au pire incendie jamais observé autour de Tchernobyl dans la zone très contaminée de Polesskoye. Ce sont actuellement déjà près de 39 000 hectares de forêts qui ont brûlé. Plus inquiétant encore, le feu s’est rapproché, il y a 15 jours, à quelques centaines de mètres de l’arche recouvrant le réacteur ayant explosé en avril 1986.

Michèle Rivasi et David Cormand, coprésident·es, réagissent à cette nouvelle catastrophe :

« Actuellement, les incendies sont maîtrisés, mais nous restons préoccupé.e.s de leurs impacts sur l’environnement et sur les populations locales. En effet, beaucoup de zones impactées par les incendies sont habitées, 600 enfants sont concernés et, outre la destruction des lieux de vie, les effets radiologiques de ces incendies peuvent affecter la chaîne alimentaire et la nappe phréatique.

Comme le professeur Yuri Bandajevsky, nous appelons à une aide d’urgence en direction des populations touchées. Le 17 avril, nous avons, d’ailleurs, avec d’autres membres du groupe Verts/ALE, écrit aux commissaires chargés de la gestion des crises et de l’énergie pour demander le déclenchement un programme d’aide alimentaire et médicale d’urgence.

Cet événement nous rappelle que la catastrophe de Tchernobyl a encore des conséquences 34 ans après. L’Union européenne doit continuer à investir dans des programmes visant à améliorer les conditions de vie des 4 millions de personnes qui vivent encore dans des zones contaminées. Le projet de 2017, initié et suivi de près par Michèle Rivasi, fut un succès : la rénovation de l’hôpital d’Ivankov a permis d’observer et d’aider 3 000 enfants et femmes enceintes, un centre d’information sur l’hygiène et l’alimentation a été créé, un incinérateur muni d’un filtre participe à la destruction des bois contaminés tout en produisant de la chaleur pour la population, etc.

Nous devons tirer toutes les leçons de Tchernobyl. Face aux nombreuses forêts encore contaminées et aux risques de dissémination de la radioactivité que les incendies entraînent, la Commission européenne doit également mettre en place un programme de gestion sûre des forêts de la région de Tchernobyl afin d’éviter de nouveaux incendies d’une telle ampleur. Enfin, il faut tirer les leçons de la radioactivité et assurer une transparence totale. Il est aujourd’hui impossible de trouver rapidement des données globales récentes concernant l’activité du césium 137 dans l’air des pays d’Europe potentiellement situés dans le panache des incendies. Cette difficulté à avoir accès à des mesures précises avait déjà été dénoncée lorsqu’un nuage radioactif de ruthénium-106 a survolé une vingtaine de pays européens à l’automne 2017.

La pandémie de Coronavirus qui nous frappe actuellement nous rappelle combien nous sommes vulnérables et combien notre rapport à la nature doit changer. L’artificialisation des sols, la perte de biodiversité, l’industrialisation de l’agriculture offrent des conditions idéales pour l’apparition et la propagation d’épidémies. Il est urgent de changer de modèle pour construire, ensemble, un monde respectueux de chacune et chacun et de notre environnement. »

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