Industrie automobile : que propose la Commission européenne ?

10 octobre 2012
En Europe, 28 % des émissions de CO2 sont imputables à l’activité de transport et plus particulièrement au transport routier. Pour l’exécutif qui communique sur sa volonté de réduire cet impact, il est possible de faire mieux… avec toujours plus d’infrastructures et de véhicules. Un non-sens pour les écologistes.
Le parc automobile mondial devrait doubler à l’horizon 2030 (passant de 800 millions à 1,6 milliards de véhicules). Vu sous cet angle, difficile d’imaginer réduire l’impact des transports routiers sur le climat et la pollution des agglomérations. La Commission européenne s’est attaquée à cette difficile équation et entend… faire mieux avec plus. Elle s’est ainsi donnée pour objectif de réduire de 60 % ses émissions de CO2 liées aux transports d’ici 2050 (par rapport aux niveaux de 2008). Pour ce faire, elle a dévoilé une stratégie à la fin du mois de mars 2011 dans un Livre blanc. Cette « Feuille de route pour un espace unique des transports » pose les bases d’un système de transport « compétitif et durable »… mais envisage une mobilité toujours accrue.

Elle compte par exemple diminuer de moitié les véhicules traditionnels à essence ou diesel dans les villes (en les remplaçant par des véhicules propres) d’ici 2030 ; refonder le rail qui devra engranger la majeure partie du transport de passagers sur des moyennes distances et utiliser 40 % de carburants « bas carbone » dans le Ciel unique européen d’ici 2050. Des objectifs pas inintéressants mais qui donnent encore trop souvent l’impression de considérer la croissance des transports comme inéluctable. Ceci semble particulièrement patent en matière de trafic aérien, dont la Commission estime qu’il fera plus que doubler d’ici 2050. Si elle entend réellement promouvoir dans les transports les principes de l’utilisateur-payeur et du pollueur-payeur, pourquoi la Commission préconise-t-elle de répondre à la congestion des aéroports et des routes et autoroutes par le développement de nouvelles infrastructures ?

Lors de la publication de ce Livre blanc, les eurodéputés verts n’ont pas manqué de critiquer ce qui leur parait être une terrible contradiction : si l’objectif de réduction des émissions de CO2 du secteur des transports est prioritaire, alors il faut repenser la mobilité et ne plus favoriser le trafic en multipliant les infrastructures. « Il faut savoir ce que l’on veut, estimait alors l’eurodéputé EELV, Jean-Paul Besset, membre de la commission Transport. L’Europe est au pied du mur. Elle ne peut pas affirmer sa volonté de lutter contre le changement climatique et, en même temps, favoriser ce qui l’accélère. »

Au Parlement européen, les écologistes demandent des objectifs de résultats contraignants, assortis d’échéances intermédiaires explicites, non seulement en ce qui concerne les émissions de CO2, mais également en matière de dépendance énergétique et d’impact sur les écosystèmes, sous peine d’imposer aux générations futures des efforts de réduction véritablement insurmontables. La mobilité durable, c’est changer totalement notre façon de se déplacer. La moitié des voyages au sein de l’UE sont réalisés sur moins de 5 kilomètres : il est possible de les éviter ou de les effectuer grâce à des modes de transport plus doux et plus collectifs.

A la veille de réformes majeures dans le secteur des transports (portuaire, rail, cabotage routier), les écologistes ne baissent pas la garde. Face au commissaire Siim Kallas qui mènera ces négociations, il faudra par exemple défendre « le fret ferroviaire », explique Karim Zéribi, membre de la commission Transport du Parlement européen : « En libéralisant le secteur routier, la Commission risque de passer à côté de la problématique environnementale et sociale. Il faut soutenir l’emploi et remplacer le modèle économique du ‘tout routier’ par un modèle plus propre et plus solidaire. »


Les directives européennes

En 2009, deux directives ont transcrits les efforts que les Etats-membres doivent réaliser dans le domaine des véhicules propres :

– celle sur la « Promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables » propose que la part de l’énergie produite à partir de sources renouvelables dans le secteur des transports soit être égale à au moins 10 % de la consommation finale d’énergie dans ce secteur d’ici à 2020.

– celle « relative à la promotion de véhicules de transport routier propres et économes en énergie » « stimule le développement du marché en contraignant les pouvoirs publics à prendre en compte l’impact environnemental des véhicules publics lors de leur achat. Elle cherche également à faire intégrer les coûts externes (pollution, nuisances, etc.) dans l’achat de véhicules carbonés » (source : Euractiv.fr).

Des voitures moins polluantes

En juillet 2012, la Commission européenne a proposé de limiter les émissions de CO2 à 95 grammes par kilomètre d’ici à 2020 pour les véhicules particuliers neufs et à 147 grammes par kilomètre pour les véhicules utilitaires. Pour les Verts/ALE, cette proposition n’est pas suffisante. Il est possible de construire des voitures qui consomment 80 grammes/kilomètre. Cela est souhaitable pour réduire l’impact du transport individuel sur le climat, mais aussi pour réduire la facture énergétique des automobilistes.

– Pour aller plus loin sur les propositions des écologistes, lire le document suivant : Mobilité durable – mesures pour une politique durable des transports en Europe.

– Les eurodéputés EELV sur ce dossier : Karim Zéribi et Jean-Jacob Bicep sont membres suppléants de la commission Transport du Parlement européen.

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