Interdire les « credit default swap non couverts » : c’est bien mais ça veut dire quoi ?
L’accord qui a été trouvé en co-décision avec le Conseil européen, qui réunit les Etats-membres, et la Commission européenne, l’exécutif, est une grande victoire pour le Parlement. Si l’Allemagne et l’Autriche par exemple ont toujours soutenu cette ligne, ce n’était pas le cas pour de nombreux pays qui s’opposaient à toute restriction sur les CDS. Si certains Etats comme le Royaume-Uni était idéologiquement contre, la pression des marchés avait aussi poussé certains pays comme l’Italie et Espagne, qui traversent une situation de tension sur leurs dettes souveraines, a refusé toute mesure qui risquerait de perturber le financement de leur dette.
Contre la spéculation sur les dettes des Etats
Afin de répondre aux craintes de ces pays, le Parlement a accepté dans le compromis final d’introduire une possibilité d’« opt out » qui est ni plus ni moins une « issue de secours » si cette interdiction venait à perturber le financement de ces pays. Pour autant, concrètement ré-autoriser les CDS non couverts ne sera pas une mince affaire pour un pays. Abandonner symboliquement le contrôle de l’Etat et laisser les marchés financiers agir à leur guise ne fait pas recette dans l’opinion publique qui, en s’appropriant ce débat, pourrait s’y opposer. D’autre part, surtout en temps de crise, ré-autoriser ce produit financier spéculatif ne servirait à rien et ne ferait qu’augmenter les difficultés d’un pays… Mais le rapport de force politique a ses raisons qui s’éloignent parfois du bon sens.
Le texte voté par le Parlement réglemente dans une deuxième partie les « ventes à découverts » à l’horizon 2012. Que veut dire « vendre à découvert » ? « Disons que je vous achète une action 100 euros et que je vous la livre dans trois jours, explique Pascal Canfin. Entre temps, je vais essayer de spéculer à la baisse pour augmenter ma marge… » Cette technique pousse tout le monde à aller à la baisse de manière massive et une fois de plus aggrave considérablement les tensions. Si certains Etats-membres comme la France, l’Espagne, l’Italie ont déjà pris des mesures contre la vente à découvert, l’Europe ne s’était pas encore prononcé d’un bloc. Un cadre européen est désormais créé et le droit européen harmonisé.
4 commentaires
Bonjour
Ce premier pas pour qu’il ne soit plus interdit de… « rêver a ce cauchemar… »(d’ultra libéral) que sont les « restrictions réglementaires par la puissance publique », va dans le bon sens !
Cependant… lorsqu’on connait la combinatoire infernale entre les articles 49, 63, & 123 du Traité de Lisbonne, on voit l’étendue du chemin qui reste a parcourir pour que l’UE ne soit plus seulement un « territoire de libre prédation »… un territoire ou après avoir mis les peuples sous la tutelle des agences de notation, on peut vendre à l’encan leurs meilleurs morceaux (le Port du Pirée aux Chinois, par exemple).
Sinon, l’explication sur les CDS est comprehensible, mais celle sur les ventes a decouvert semble confuse et sans doute erronée ?
Merci à Pascal Canfin d’expliquer si clairement aux profanes, dans la vidéo, l’effet hautement pervers des « ventes à nu de CDS » sur les dettes souveraines, et combien il était utile de les interdire.
Un seul regret, mais de taille ! Que cette mesure ne puisse prendre effet immédiatement ! Où en serons-nous dans un an ?
L’explication de la vente à découvert, dans l’article sous la vidéo, est incompréhensible, me semble-t-il. Il faudrait la reprendre. Celui qui vend à découvert sait qu’il peut emprunter les titres (il a la confiance du prêteur), ou mieux, fait l’emprunt d’abord, vend ensuite et rachète au moment opportun dans le délai de 3 jours dont il dispose, pour rendre au prêteur.
Je vois que quelqu’un vous en a déjà fait la remarque. Vous devez pouvoir rectifier…
D’autre part, ces spéculations se déroulent plus souvent à partir d’options à terme émises par les grandes banques qu’à partir des actions elles-mêmes. C’est un autre problème.
Heureusement, les obligations souveraines avaient été jugées jusqu’à la crise trop sûres pour que les banques aient l’idée saugrenue de lancer de tels produits spéculatifs sur elles, en-dehors des produits d’assurance crédit (CDS). Je crois.
Merci pour vos contributions. Nous allons essayer le plus rapidement possible d’améliorer la partie ‘vente à découvert’ et pourquoi pas d’y accorder un article à part entière.
bonne lecture !
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