L’UE se dote enfin d’une supervision financière commune
législation sur la « surveillance financière ». Elle apportera des
changements fondamentaux dans la régulation et la supervision financières
en Europe. La réaction de Pascal Canfin, membre de la commission
économique et monétaire.
Les acquis des eurodéputés Verts
Reprenant une proposition portée par le groupe des Verts/ALE, le texte final donne également à l’agence européenne des marchés financiers (ESMA) le pouvoir d’interdire certains produits financiers qui menaceraient la stabilité financière. « Auparavant, l’Allemagne, par exemple, pouvait interdire un produit financier dans son pays, mais elle ne pouvait pas l’interdire dans les filiales de la même banque, en dehors de ses frontières », poursuit le député. C’est désormais possible : « Cet acquis des Verts donne la possibilité à l’autorité européenne des marchés financiers de dire ‘les ventes à découverte sont trop spéculatives, on les interdit un mois ou trois mois – le temps de remettre de l’ordre sur les marchés’. »
Enfin, une quatrième entité est prévue dans ce paquet législatif : elle sera chargée du suivi et de la mise en garde contre l’augmentation du risque au niveau de l’économie de l’UE. Les risques, ce sont les bulles spéculatives, comme celle que l’on observe en Espagne dans l’immobilier par exemple. Il fallait prendre la mesure de ces phénomènes dont les répercussions sont paneuropéennes. Ce conseil européen ‘du risque systémique’ sera rattaché à la Banque centrale européenne (BCE) – qui lutte contre l’inflation des prix des biens à la consommation – et pourra donner des injonctions aux pays européens.
Le souverainisme contrarié
Ces « nouveaux gendarmes européens des marchés » se mettront en place dès le début 2011. Ils auront trois ans pour convaincre les plus souverainistes et faire la preuve de leur efficacité – d’ici la révision prévue de ce paquet « supervision » par les institutions. Le vote du Parlement européen ce 23 septembre 2010 est sans nul doute une victoire du bord fédéraliste et régulateur. Pour autant, ces nouvelles agences n’auront pas, pour l’instant, de pouvoir direct sur les grandes banques et assurances européennes.
« La BNP, par exemple est une banque internationale mais surtout européenne, nous voulions qu’elle puisse être contrôlée par une autorité européenne », rappelle Pascal Canfin, soutenu par son collègue écologiste Philippe Lamberts : « Tout comme la police de quartier est impuissante face à la criminalité internationale, les superviseurs nationaux ne peuvent efficacement contrôler des acteurs financiers qui se jouent des frontières. » Le élus Verts continueront à se battre au Parlement européen pour renforcer le pouvoir et les moyens des nouvelles agences de supervision dans les futurs textes de régulation financière, à commencer par ceux concernant les fonds spéculatifs et les produits dérivés.
-La rubrique Économie du site Europeecologie.eu
-Le blog de Pascal Canfin : Deux ans après la crise: qu’a fait le Parlement européen ?