La coopération est nécessaire, la rétention des données absurde
Pour Eva Joly du groupe Verts-ALE, membre de la Commission Libertés civiles, justice et affaires intérieures :
« La communication de la Commission sur l’agenda européen pour la sécurité oscille entre des propositions positives, le flou absolu et des aspects carrément négatifs.
Nous considérons positif le fait que la Commission ait élargi l’agenda sur la sécurité au-delà de la thématique du terrorisme, en y intégrant notamment la corruption et les crimes environnementaux. Parmi les propositions bienvenues, certaines mesures qui tentent de pallier aux manques et failles actuels. Celles qui visent à prévenir la radicalisation. La prévention reste en effet notre meilleure défense contre le terrorisme. Une coopération accrue entre les autorités de sécurité dans l’Union européenne, notamment au travers d’équipes communes d’enquête, est absolument indispensable pour lutter contre le terrorisme. Un centre anti-terroriste peut également s’avérer utile pour recueillir et partager l’information, à charge toutefois que les activités de police et de renseignement ne soient pas confondues.
Malgré ses promesses répétées de proposer des politiques respectueuses des droits fondamentaux, le flou reste de mise puisque la Commission continue de proposer un certain nombre d’initiatives qui sont très contestables de ce point de vue.
Quant aux points négatifs: la Commission s’obstine à vouloir imposer la directive PNR (Passenger Name Record). Les écologistes s’opposent fermement à la récolte massive et indifférenciée des données de tous les passagers aériens. Comme l’a relevé la Cour de Justice, il s’agit là d’une pratique disproportionnée. En noyant dans la masse les données utiles, cette pratique est même dangereusement inefficace. Ce projet de la Commission européenne devrait être enterré une bonne fois pour toutes.
Nous avons besoin d’une réponse, mais ce n’est certainement pas celle proposée aujourd’hui. La Commission doit absolument se débarrasser de sa dépendance à la surveillance de masse et aux projets légalement très discutables. Il faut en premier lieu engager une évaluation des outils dont nous disposons et investir dans le travail de terrain, la coopération entre services de police et de renseignements des États-membres de l’UE. C’est de cette façon que nous lutterons contre le terrorisme, certainement pas en imposant aux citoyens européens une surveillance généralisée.«