Le métier de paysan en voie de disparition ?
De la fourche à la fourchette
« Quel autre secteur économique a été aussi profondément affecté par la crise ? », s’interroge José Bové qui invite la Commission européenne à prendre des mesures d’urgence. « L’agriculture européenne fait travailler 14 millions de personnes. Le maintien de ces emplois dans une période où l’industrie et les services débauchent est une priorité sociale et politique », poursuit l’eurodéputé Europe écologie. Pourtant, assurer aux agriculteurs un revenu satisfaisant ne semble pas figurer au premier rang des priorités de la Commission européenne. Les dirigeants européens ont eux plutôt la volonté d’accroître rapidement la productivité et de renforcer la compétitivité mondiale de l’industrie agroalimentaire européenne. Mais à quel prix pour les producteurs ?
par EurodeputesEE
Selon les élus écologistes, il faut très vite lever le secret sur les marges réelles pratiquées par les grandes entreprises de la transformation agro-alimentaire. Pour y parvenir, les Etats doivent créer des « inter-professions » qui réunissent l’ensemble des acteurs d’une même filière, « de la fourche à la fourchette ». Ainsi, on en saura peut-être un peu plus sur la formation des prix… et le coût élevé de certains produits exposés sur les étals des magasins : « On doit pouvoir comprendre pourquoi le blé ne représente que 5 % du prix de vente d’une baguette de pain ou comment un kilo de pomme payé 10 cents au paysan est revendu 2 euros au consommateur », insiste José Bové.
Guerre des prix
Mais l’absence de transparence n’est pas le seul problème qui fait des agriculteurs les grands perdants de la chaîne alimentaire en Europe. La concentration de la distribution dans certains des pays de l’Union est un autre sujet d’inquiétude. En France, les cinq principales chaînes de supermarchés commercialisent 70 % des produits alimentaires : « Cette concentration entraîne une guerre des prix qui passe fatalement par la recherche de produits agricoles les moins chers possibles issus d’une agriculture intensive qui n’assume pas ses couts réels (pollution des eaux et des sols, industrialisation, dépendance des énergies fossiles, émission de gaz à effet de serre…) et qui uniformise les habitudes alimentaires. »
Et c’est sans oublier les autres pratiques possibles… Aujourd’hui en Europe, la vente directe entre les producteurs et les consommateurs est largement répandue. Privilégiant la dimension locale et peu polluants, les circuits courts ne doivent pas pâtir de l’application de normes d’hygiènes alimentaires conçues pour les grandes entreprises. La transformation artisanale a ses contraintes, il faut la protéger !
par EurodeputesEELa Politique agricole commune (PAC) comme, les autres politiques européennes, doit faire de la justice sociale et de l’équité sa priorité : « La réforme de la PAC à laquelle nous travaillons pourra si nous parvenons à rééquilibrer les rapports de force entre les différents acteurs de la filière, créer de nouveaux outils de régulation de l’offre et lutter contre la spéculation ; pourvoir nos concitoyens en produits alimentaires abordables et de qualité. Pour y parvenir, elle devra garantir des revenus équitables aux paysans européens, préserver l’environnement et assurer un développement économique et social harmonieux de l’ensemble de nos territoires. »