Le projet de réacteur expérimental ITER explose le budget !
Strasbourg, le 20 mai 2010
Alors que la phase principale de construction du réacteur expérimental
ITER* doit démarrer en 2012 à Cadarache (Bouches du Rhône), les difficultés
financières s’accumulent et le budget prévu est loin d’être suffisant.
Les nouvelles estimations budgétaires de début 2010 ont pratiquement
triplé les coûts de construction du réacteur ITER. Elles
s’élèvent maintenant à la somme considérable de 16 milliards d’euros, dont
7,2 milliards à charge de l’Europe. La Commission européenne déclare qu’il
manque à ce jour 1,4 milliards d’euros pour financer la seule partie
européenne de ce projet, et ce, pour la seule période 2012-2013. Un montant
similaire supplémentaire étant nécessaire pour 2014-2015.
« Avec la situation actuelle de crise financière en Europe, plus personne
ne veut payer » prévient Michèle Rivasi, eurodéputée Europe
Écologie. « La seule solution est donc de stopper ce projet,
économiquement désastreux et techniquement dangereux ! Ce projet, à l’image
de
l’EPR en Finlande, est appelé à devenir un véritable gouffre financier :
qui nous dit que les coûts, déjà énormes, n’augmenteront pas à l’avenir ?
Quant aux coûts de fonctionnement (si un jour il fonctionne !) et aux coûts
de démantèlement, ils n’ont plus été revus depuis 2001, » ajoute la députée
européenne.
Yannick Jadot député européen Europe Ecologie ajoute : « Le dépassement
budgétaire d’ITER n’est pas seulement impensable dans la situation de
pénurie financière actuelle, il est également inacceptable du point de vue
du fonctionnement des institutions européennes de contrôle des dépenses.
Comment peut-on en arriver à une telle situation sans que des mécanismes
d’alerte et de correction aient été mis en place ? Avec un tel surcoût, les
dépenses européennes en matière énergétique vont être trois fois plus
importantes pour le nucléaire que pour toutes les autres énergies, y
compris les renouvelables. A l’heure où l’enjeu pour l’Europe consiste à
développer une économie sobre en énergie, fondée sur des nouveaux secteurs
industriels comme les renouvelables, créateurs de centaines de milliers
d’emplois, les gouvernements européens doivent cesser la gabegie
nucléaire. »
*L’Union européenne cofinance à hauteur de 45,46% la construction de ce
réacteur expérimental à fusion thermonucléaire. Les autres pays partenaires
internationaux participent chacun pour 9% au coût de la construction ; il
s’agit de la Chine, du Japon, de la Corée, de la Russie et des Etats Unis.
La France, a quant à elle promis de payer 20% de la charge européenne en
échange de sa construction en Provence Alpes Côte d’Azur . « Cette grosse
contribution financière française est le cadeau de Chirac à ITER pour qu’il
soit implanté en France et non au Japon, et cela plombe tout investissement
dans les énergies renouvelables » conclut Michèle Rivasi.