Les Verts/ALE se mobilisent contre le projet de réacteur à fusion expérimental ITER

19 mai 2011
Michèle Rivasi (EELV) et les élus belges Bart Staes et Isabelle Durant se sont rendus à Cadarache du 16 au 18 mai. Objectif de cette délégation qui comptait quatorze eurodéputés au total : évaluer les avancées d’ITER. Cette visite intervient dans un contexte financier tendu avec le triplement du coût de ce projet depuis 2006 et une remise en question du nucléaire. La position des Verts/ALE.
Michèle Rivasi dresse deux constats : « Le premier problème est que ITER ne respecte pas le droit français ! L’enquête publique n’a toujours pas été faite alors que l’on construit déjà les fondations du futur Tokamak qui contiendra le plasma. Si jamais l’enquête publique invalide ou impose des corrections au projet, quel surcoût faudra-t-il encore payer ?  François Fillon a aussi annoncé qu’ITER sera soumis aux tests de résistances en 2012. N’est-ce pas prendre un risque inutile de continuer la construction d’un tel projet sans en attendre l’évaluation finale ?

Le deuxième problème réside dans l’incertitude scientifique d’ITER. La résistance de la couverture en lithium censée contenir la réaction reste très hypothétique. Les matériaux de cette couverture n’ont pas encore été testés et le seront seulement dans le réacteur expérimental JET au Royaume-Uni. Pourquoi ne pas attendre le retour d’expérience de JET avant de lancer les travaux d’ITER ? »

Michèle Rivasi est revenue avec Bart Staes et Isabelle Durant (députés Verts/ALE), également présents dans la délégation, sur le coût d’ITER et le contexte énergétique : « Le projet de fusion ITER est un véritable hold-up sur le contribuable européen et les générations futures. Alors qu’on ne sait même pas si cette technologie produira de l’électricité un jour, la facture a déjà triplé.

Pour l’Europe, le coût supplémentaire rien que pour les deux prochaines années s’élève à deux milliards d’euros. La première exploitation commerciale est prévue au plus tôt vers 2080. Qui croit vraiment que les coûts n’augmenteront plus d’ici là ? Payer la facture aujourd’hui, c’est mettre le doigt dans un engrenage qui nous amènera toujours plus profond dans ce gouffre financier qu’est ITER. D’autant qu’aucune réponse précise n’a été apportée sur l’origine des coûts additionnels jusqu’ici.

Nous sommes confrontés aujourd’hui à deux urgences : le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources fossiles. Le tout sur fond de contrition des dépenses publiques. Si ITER se fait, il arrivera quoiqu’il arrive trop tard pour répondre à ces enjeux. C’est une fausse solution à un vrai problème d’autant qu’il faudra construire d’autres réacteurs (DEMO puis PROTO) avant de produire de l’électricité.

ITER est le symbole de cette énergie nucléaire à bout de souffle. Extrêmement cher, mal maitrisé, dangereux, le nucléaire obère notre capacité à mettre en œuvre un modèle énergétique sobre et durable. Il est encore temps de stopper ITER et de réorienter massivement les investissements européens sur les économies d’énergie, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. C’est un premier pas important vers la sortie du nucléaire. »

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