Les Verts européens veulent améliorer le sort des demandeurs d’asile à Calais
Des députés Verts européens étaient à Calais hier, histoire de voir de leurs yeux la situation que vivent les migrants. Rencontre avec les associations, visite de l’ancienne jungle, du port et du centre de rétention de Coquelles… Ils dénoncent un irrespect des droits de l’homme et une obstruction au droit d’asile. De la part de l’État, mais aussi de la commune.
Pire que chez nos voisins.- Parmi eux, Jean Lambert, eurodéputée britannique, est choquée : « même en Angleterre, on ne fait pas comme ça. On donne un abri, de quoi vivre. Ici, il y a un manque total de soutien de l’État. Ce n’est pas aux associations de faire ce travail. Comment recevoir un passeport si on n’a pas d’adresse, si on ne sait pas où passer la nuit, harcelé par la police ? » Même réaction de la part de Zoé Genot, députée fédérale belge : « Je suis très étonnée. La France est pourtant aussi riche que la Belgique, et il n’y a rien ici. Je croyais que les gens qui sont à la rue n’avaient pas demandé l’asile, mais nous avons rencontré des gens dont la procédure était en cours ! En Belgique, ils sont accueillis dans des centres. Et quand quelqu’un obtient l’asile, on fait une grande fête, ils ont droit à l’équivalent du RMI, au travail, à une formation, à un logement social… L’État y est obligé, il encourt 250 E d’amende par jour et par personne non logée. » Tous dénoncent l’incohérence de la politique nationale et locale. Pour Catherine Bourgeois, conseillère régionale, « on démantèle les camps pour éviter qu’ils passent, mais plus mal on les traite ici, plus on les pousse vers l’Angleterre. »
Une seule procédure.- Principal problème selon les Verts : la complexité des procédures de demande d’asile. « En théorie, le traité de Dublin prévoit des droits et le même système pour tous les États membres. Mais comme le déroulement des procédures dépend de ces mêmes États, beaucoup freinent. En France, des documents sont disponibles dans toutes les langues pour expliquer les procédures d’aide au retour. Pour la demande d’asile, il n’y en a qu’un, le même depuis dix ans ! », s’indigne Hélène Flautre. « Le droit des étrangers est compliqué il faut des spécialistes juridiques », ajoute Zoé Genot. La solution, pour Jean Lambert : uniformiser le système. « Et pas vers le bas ! » Elle tente de créer un bureau de soutien européen pour aider les États membres à améliorer leur système d’asile. Le groupe Vert veut aussi un débat au parlement européen sur la question.
L’argent de l’Europe.- « L’Europe peut faire beaucoup, des fonds européens pourraient financer la construction d’un centre pour les personnes fragiles, comme veut le faire le Secours catholique depuis longtemps », assure Hélène Flautre. •
AMANDINE FARAUD