Macrorégions et Méditerranée
Rapport ALFONSI : Macrorégions et Méditerranée… par EurodeputesEE
Merci Mme la Présidente,
Je veux bien sûr remercier nos deux intervenants car ils nous portent des messages concrets et des messages qui sont très constructifs. Celui de la mer Baltique est très positif puisqu’après deux années seulement, on voit que des priorités concrètes ont été définies, qu’un mode opératoire est en place et on peut déjà mesurer les plus-values manifestes sur la stratégie macrorégionale. J’ajouterai même que selon moi, ce processus de la mer Baltique avec l’enthousiasme qui l’accompagne montre aussi la progression de l’idée européenne. C’est quelque chose qui est très positif pour nous.
L’exposé sur la Méditerranée donne aussi un message d’espoir et une mobilisation. On se rend compte aujourd’hui ce nouveau champ des politiques publiques en Europe que sont les macrorégions qui ont pour objectif un développement à base territoriale suscite une attente réelle. Cette attente, je pense qu’il est évidemment du devoir des institutions de l’UE d’y répondre et de faire en sorte qu’elle puisse dans le cadre des objectifs 2020 être prise en compte car c’est évidemment des attentes et des mobilisations de terrain qui vont porter les politiques européennes. Il faut donc prendre en compte effectivement cette forte attente qu’il y a dans les régions. Pour nous l’heure aujourd’hui des premières expériences, des premières initiatives étant passée, il faut se prononcer sur l’avenir des stratégies macrorégionales. Il faut commencer à faire cette réflexion et savoir comment on a à définir une stratégie pour les stratégies macrorégionales. On a bien le sentiment qu’il y a une part aléatoire dans ce qui est exposé : on part d’une présidence suédoise, on rebondit avec une présidence polonaise et entre-temps quel est le cadre, quelle est la force d’entrainement et la force de mouvement qui permet à ces stratégies de se développer ? Je pense qu’il faut vraiment avoir une réflexion pour mettre en place ou pour intégrer ces stratégies macrorégionales aux politiques que nous mettons en place.
Pour cela il y a une réflexion dans ce rapport d’initiative que nous allons proposer, que je présenterai pour sa première présentation le mois prochain. Il faut essayer effectivement de dégager quelques pistes et échanger à la fois sur les limites des expériences actuelles et à la fois sur les ambitions que l’on souhaite promouvoir. Dans les limites on sent bien que les stratégies macrorégionales, faute d’un cadre stratégique général, sont un petit peu du bricolage. Au sein de la Commission, de la DG Régio, on sent bien que les choses se font avec beaucoup de bonnes volontés, avec même un certain enthousiasme mais sans vraiment mettre en face les moyens humains et les moyens matériels qu’une telle ambition devrait mobiliser. Je pense que c’est vraiment l’heure en plus puisqu’on nous sommes en train de définir les futures programmations sur 2014-2020. C’est l’heure vraiment d’essayer d’avoir des propositions concrètes et de mettre les choses de façon un peu plus solide pour l’avenir et de façon aussi à avoir une stratégie plus générale au niveau de l’Europe.
Dans mon rapport, je vais me pencher sur la Méditerranée, je l’ai mise en exergue. Pourquoi ? Parce que la Méditerranée en ce moment est l’espace de crise principale de l’UE. Nous dégageons en Méditerranée, nous lançons vis-à-vis de la Méditerranée des messages qui sont difficiles à la fois de solidarité puisque la crise grecque mobilise le tour de table de l’ensemble des pays de la zone euro et que cette solidarité est là, est présente mais en même temps des messages extrêmement sévères de purges budgétaires et disons de sévérité à l’égard des gouvernements qui y sont. Je pense qu’il faut aussi en même temps si on veut être entendu et si on veut que l’idée européenne redémarre fortement, il faut aussi être capable de lancer des messages qui soient des messages constructifs. Je crois que le projet macrorégional en Méditerranée c’est un outil pour mettre en place un message constructif. Ce message constructif est nécessaire pour la rive européenne de la Méditerranée et je pense qu’il est tout aussi nécessaire pour l’autre rive de la Méditerranée où les évènements récents ont montré qu’il y avait beaucoup de choses en mouvement, beaucoup d’espoirs et beaucoup d’attentes. Il faut maintenant donner à ces attentes un cadre dans lequel elles peuvent s’investir et un cadre dans lequel elles peuvent réfléchir à leur avenir et mettre en place les outils qui permettront de construire le développement dont tout l’espace méditerranéen a besoin.
Je vais terminer ce premier débat en disant que la Méditerranée c’est un tout, c’est un tout qui est lié par une notion que tout le monde connait qui est le climat méditerranéen. Quand on a parlé du climat méditerranéen, on a déjà exprimé que nous avons les mêmes productions agricoles d’Est en Ouest et du Nord au Sud, que nous avons les mêmes problématiques environnementales à commencer par les incendies (je vois notre ami sarde et malheureusement nous savons trop de quoi il s’agit). Il y a donc un tout dans l’ensemble méditerranéen sans parler bien sûr des liens historiques et culturels qui font du bassin méditerranéen le premier bassin de vie de l’Europe historiquement. Mais à côté de ça, il y a aussi une très grande surface et une très grande distance d’Est en Ouest. Les démarches telles que la démarche de la Méditerranée orientale lancée autour d’une logique adriatico-ionienne ont nécessairement leurs propres problématiques aussi. Il faut donc, je pense, que ces stratégies macrorégionales soient bien sûr des initiatives à la base mais qu’elles soient aussi réfléchies dans leur globalité.
Le Parlement européen doit lancer la réflexion mais je pense que la Commission également. Si les stratégies macrorégionales sont intégrées dans la stratégie de développement régional générale de l’UE, il faudra je pense à un moment ou à un autre réfléchir à une carte prévisionnelle, réfléchir à des cartes évolutives non contraignantes. Il est évidemment que c’est à chacun sur le terrain de définir ses priorités mais il s’agit bien d’essayer de structurer cette réflexion. Deuxième chose qui me semble nécessaire c’est que vu la multiplicité des partenaires, il est important d’avoir des phases de préfiguration de façon à ce que quand on arrive à la mise en place de cette macrorégion, on ait défini des grandes priorités et que l’on ait réfléchi aussi à un mode de gouvernance car aucune structuration ne fonctionne si on n’a pas réfléchi au mode de gouvernance. Cette phase de préfiguration, il faut peut-être s’y atteler de façon plus systématique et plus volontariste que ce qui a été fait jusqu’à présent.
Merci Mme la Présidente.