Pascal Canfin : « La cacophonie des dirigeants européens risque d’aggraver la crise dans la zone euro »
Ce ne sont pas les mesures qui n’ont pas convaincu mais la volonté politique de les appliquer. Quand la Finlande exige des garanties supplémentaires en échange de son aide ou quand la Slovaquie annonce qu’elle repousse la validation parlementaire de l’accord à décembre, il est normal que le doute s’installe sur la capacité politique des dirigeants européens à apporter une réponse coordonnée à la crise des dettes souveraines. Il est urgent que les dirigeants européens transforment leurs discours en actes. La cacophonie actuelle risque d’aggraver encore la contagion de la crise vers d’autres pays de la zone euro.
Depuis deux ans, les Etats-membres de la zone euro semblent progresser, en matière de solidarité budgétaire, uniquement sous la contrainte de la crise. Pourtant, n’auraient-ils pas tout à gagner à se solidariser face à une crise de la dette qui les frappe tous ?
Il est vrai que la zone euro dans son ensemble n’a pas de problème d’endettement puisque la dette publique ne représente que 85 % du PIB de la zone. En soi, la dette américaine qui approche les 100 % du PIB est bien plus préoccupante. Pourtant, les marchés se focalisent sur l’Europe puisque la solidarité budgétaire y fait défaut. Depuis des mois, les députés Verts au Parlement européen plaident pour l’introduction d’obligations européennes qui permettraient de mutualiser une partie des dettes nationales et ainsi réduire les coûts de financement pour tous. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont clairement indiqué qu’ils refusaient de s’engager dans cette voie. Plus de solidarité budgétaire, c’est s’engager plus en avant dans le projet européen, ce que refusent les dirigeants européens actuels.
Selon les eurodéputés verts, les politiques d’austérité annoncées dans la zone euro ne représentent pas la solution au problème de la dette publique. Quelle alternative les eurodéputés verts proposent-ils pour stabiliser la zone euro sur le long terme ?
L’austérité généralisée en Europe aggrave la crise plus qu’elle ne la résout. On le voit aujourd’hui en Grèce où les mesures d’austérité ont mené le pays à une profonde récession, qui réduit d’autant les recettes fiscales et accroît encore le déficit. Un cercle vicieux de la dette dans laquelle s’engagent aujourd’hui l’ensemble des pays européens. Pour sortir de cette impasse, les députés verts soutiennent une approche équilibrée conjuguant réduction des déficits et investissements dans la conversion écologique de l’économie européenne. La réduction des déficits doit s’appuyer en premier lieu sur une plus grande contribution de ceux qui ont largement échappé à l’impôt ces dernières années, c’est-à-dire les grandes entreprises et les plus riches. Cela passe par une lutte réelle contre la fraude et l’évasion fiscale, une harmonisation de la fiscalité sur les entreprises, l’instauration d’une taxe sur les transactions financières. La mise en place des euro-obligations devrait également permettre de réduire le coût de la dette et faciliter ainsi son remboursement. Mais la réduction des déficits ne doit pas se faire au détriment de l’avenir. C’est pourquoi, les députés verts plaident pour le financement d’un Green new deal vert financé par des fonds européens. Ainsi, ces investissements permettraient de soutenir l’activité le temps de la phase de désendettement mais de manière intelligente en diminuant la vulnérabilité de nos économies à la crise écologique.