Politique commune de la pêche : pêcher moins pour gagner plus
Une nouvelle dynamique
Au cours de ces négociations, et à partir de la proposition initiale de la Commission européenne, les eurodéputés écologistes ont rapidement tenté de clarifier l’objectif principal de la réforme, à l’aide d’un argument majeur : sans poissons, pas de pêche. Face à la surpêche et à l’épuisement de certaines espèces, il est très urgent d’assurer la durabilite? de la ressource halieutique : « Le texte propose donc de nouveaux critères de choix mettant en valeur la durabilité de ce secteur. Il s’agit d’abord de mettre en place un rendement maximum durable, c’est-à-dire un niveau de pêche qui permet aux espèces de se renouveler », explique l’eurodéputé EELV, Jean-Paul Besset.
Cette nouvelle approche est une avancée considérable : « Elle constitue une rupture, une ouverture vers un nouveau développement de ce secteur » , poursuit-il. Le bilan de la précédente réforme de la Politique commune de pêche est désastreux. Nous pêchons 25 % de poissons en moins, il y a 30 % de pêcheurs en moins, et pourtant quatre milliards d’euros ont été dépensés pour la survie de ce secteur en Europe. « Cette logique de subventions est vouée à l’échec, c’est la logique des marchés, de la pression politique. Il faut donc changer la politique commune de la pêche et rompre avec cette logique de déclin, déclin des espèces halieutiques et ses conséquences sociales pour la profession. »
Découvrez le travail du groupe des eurodéputés Verts/ALE sur ce rapport, avec Isabella Lövin et Jean-Paul Besset.
Non aux rejets
Actuellement, de 20 à 25 % des prises sont rejetées en mer – de grandes quantités de poissons trop petits capturés et rejetés morts à la mer qui impactent fortement la biodiversité marine et réduisent la productivité future des océans. Cette pratique, si elle est autorisée, ne permet pas de responsabiliser les pêcheurs face au déclin des ressources. Au cours des négociations, la Commission a donc proposé de l’interdire pour plusieurs espèces. Une initiative que les écologistes ont bien sûr soutenue, tentant d’élargir le nombre d’espèces concernées et de mettre en œuvre rapidement cette interdiction.
Le rapport Rodust permet également de conditionner la délivrance des licences de pêche aux respects de critères environnementaux et sociaux. Cet élément encourage ainsi les pêcheurs soucieux de préserver durablement l’environnement marin et qui œuvrent au développement de l’économie locale.
Du travail pour les pêcheurs
Il s’agit désormais de négocier cette réforme avec le Conseil européen qui réunit les Etats-membres… des pays peu ambitieux qui risquent de tirer vers le bas ces acquis. Si cette réforme telle que la soutiennent les eurodéputés est acceptée par le Conseil, cela signifie que l’Union européenne interviendrait pour assurer la qualité de la ressource halieutique : « Le Parlement européen propose une nouvelle dynamique et estime qu’une politique sectorielle d’ampleur, importante pour l’économie, peut être basée sur la ressource elle-même et pas uniquement sur la productivité, la demande, le rendement… », poursuit Jean-Paul Besset.
Pour les écologistes, ce rapport est un symbole fort car les poissons sont la dernière ressource sauvage dont les humains disposent. La dernière PCP a fait table rase de la ressource, et il est fondamental pour assurer un progrès économique et social, que l’on protège les poissons. « Cette réalité est brutale pour les professionnels de ce secteur, mais en reconstituant les stocks de poissons, en pêchant les poissons dont les stocks sont toujours disponibles, en ne pêchant pas au delà de la capacité de l’espèce à se renouveler… nous aiderons la profession à perdurer », veut convaincre l’eurodéputé EELV. « Les pêcheurs s’inquiètent pour leur avenir : il nous faut leur expliquer pourquoi, en protégeant les stocks, nous souhaitons aussi protéger leurs emplois. Cette réforme sera mise en œuvre par et grâce aux pêcheurs. »