Pour une politique énergétique européenne d’avenir

10 novembre 2009
Le domaine énergétique est par excellence le domaine où les solutions aux crises énergétiques, climatiques, écologiques, économiques et sociales convergent en UNE solution globale pour répondre convenablement et honnêtement à chacune d’entre elles. Cette solution doit être européenne. Sur ce point, je partage la position de Jean-François Copé dans son dernier billet, mais je ne partage pas ses priorités.
Le domaine énergétique est par excellence le domaine où les solutions aux crises énergétiques, climatiques, écologiques, économiques et sociales convergent en UNE solution globale pour répondre convenablement et honnêtement à chacune d’entre elles. Cette solution doit être européenne. Sur ce point, je partage la position de Jean-François Copé dans son dernier billet, mais je ne partage pas ses priorités.

Pour une conversion énergétique à l’échelle européenne, pour un futur 100% sobre, efficace et renouvelable

Nos économies et sociétés se sont développées depuis la révolution industrielle grâce à une consommation toujours plus importante de produits énergétiques (charbon, pétrole, gaz, électricité…). Ce système atteint ses limites (climat, réserves, risques nucléaires…) sans pourtant bénéficier à tous (20% des terriens consomment 80% des ressources et 2 milliards ne consomment quasiment rien). Face aux crises énergétiques et climatiques et à l’évidente exigence d’équité internationale, nous proposons effectivement d’anticiper les crises plutôt que de les subir! C’est pourquoi les écologistes, dont je suis, défendent l’idée d’une politique de sobriété énergétique, d’efficacité et le développement des énergies renouvelables.

Concrètement, la rénovation des logements, l’aménagement équilibré des territoires, le renforcement des réglementations existantes de réduction des consommations des appareils ménagers et des véhicules, la réorientation vers une mobilité durable sont des politiques triplement gagnantes: économies d’énergies, réduction de la pauvreté énergétique et création massive d’emplois. Les ménages les plus modestes sont en effet généralement ceux qui paient le plus cher pour se chauffer ou se déplacer puisque leurs logements sont les plus mal isolés, leurs voitures les plus consommatrices. Un exemple: la rénovation des logements européens pourrait réduire de 20% la consommation d’énergie et créer un million d’emplois, 120.000 en France.

Réduire notre consommation et envisager le fait que le potentiel des énergies renouvelables est gigantesque sont la solution. En effet et pour exemple encore: l’énergie reçue du soleil en un an correspond à environ 10.000 fois la consommation annuelle d’énergie dans le monde. Actuellement, il suffirait de couvrir l’équivalent de moins de la moitié des toits de France de panneaux photovoltaïques pour produire la totalité de la consommation finale française (en moyenne annuelle).

Parce qu’il y a un vrai manque d’investissement dans la recherche publique, le potentiel de développement technologique est très important. Entre 1987 et 2002, 50% des fonds de la recherche publique ont été consacrés au nucléaire fusion et fission (soit 145 milliards de $) et seulement 7,7% pour les énergies renouvelables (soit 22,4 milliards de $) (Source : GIEC). Actuellement, les potentiels techniquement exploitables de gisements renouvelables représentent 5,9 fois la consommation énergétique mondiale annuelle. Et ces gisements ne peuvent qu’augmenter!

Pour en finir avec l’idée que la production nucléaire assure l’indépendance énergétique à la France et à ses voisins européens et répond aux enjeux climatiques

Aujourd’hui, le nucléaire représente moins de 6% de la consommation d’énergie finale de l’Europe des 27, et 30% de l’électricité. Soit beaucoup moins que les économies réalisables! Le nucléaire reposant sur une ressource limitée et importée – l’uranium – n’apporte aucune solution durable à la crise énergétique tout en présentant des risques inacceptables et une accumulation sans cesse croissante de déchets ingérables. La seule priorité de L’Europe dans ce domaine doit être de renforcer de toute urgence la sécurité, la transparence et la sortie progressive de ce secteur de production. Elle ne peut raisonnablement pas favoriser les intérêts purement économiques de quelques uns par une quelconque relance du nucléaire en Europe.

Il faut sortir de l’opacité, de la désinformation et de la fausse logique : le nucléaire n’est ni la solution d’avenir, ni une réponse aux crises écologique et crises économiques.

Ecologiquement, la solution nucléaire ne répond pas au problème du changement climatique. Les 2,8 GT de CO2 que le nucléaire permettrait d’éviter en 2050 ne représentent que 20% de l’objectif de 14GT (la moitié du niveau actuel), soit une part très modeste à la résolution de l’équation climatique. Et il faut encore une fois rappeler les problèmes posés par la gestion à long terme des déchets radioactifs et des démantèlements sur lesquels on n’a pas avancé depuis 50 ans. Economiquement et notamment en terme de création d’emplois, l’exemple de nos voisins allemands est éclairant: une stratégie de sortie du nucléaire est très créatrice d’emplois: 230.000 en dix ans (dont 90.000 dans l’éolien et 30.000 dans la biomasse). Dans la période de crise de l’emploi que nous connaissons, cela devrait tout de même nous amener à réfléchir…

Pour une Communauté européenne des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (CERENE)

Le développement des énergies renouvelables et le soutien à l’efficacité énergétique sont déjà des politiques européennes bien engagées, malgré les freins mis par certains Etats. Le projet que nous avons défendu pendant la campagne des élections européennes – et que nous soutenons aujourd’hui au sein du parlement européen – consiste à consacrer et formaliser cette politique encourageant la sobriété, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables en remplaçant le traité Euratom par un texte instaurant une «Communauté des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique» chargée de préparer un futur énergétique 100% sobre, efficace et renouvelable, notamment en améliorant l’organisation institutionnelle et le suivi des politiques. Le financement de la recherche sur le nucléaire devra être réorienté vers la sobriété, l’efficacité et les énergies renouvelables.

Repenser la politique énergétique suppose une démarche et réflexion globales sur nos politiques énergétiques actuelles et à l’échelle européenne, ce sont plusieurs chantiers qui doivent être urgemment enclenchés: Programme européen de rénovation énergétique des bâtiments ; Analyse européenne des flux marchandises transportées et moyens de les réduire; révision du budget pour assurer le soutien au ferroviaire; révision du système européen pour revaloriser le méthane et programme valorisation énergétiques des effluents agricoles, etc…

Toutes ces mesures trouveront leur place dans un nouveau Traité pour une Communauté européenne des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique !

Première publication sur SlateFrance

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Un commentaire

  • Catherine Belkhodja dit:
     - 

    Cet article date de 3 ans exactement.
    Depuis, l’Etat français s’est désengagé de la politique d’encouragement incitant les ménages à investir dans le photo-voltaïque.

    Bien pire encore, il a annulé les engagements pris de racheter l’électricité produite ainsi au tarif convenu.

    AInsi, les habitants qui avaient eu confiance, se sont retrouvés avec des installations parfois déjà désuettes, qu’ils doivent assumer à des prix excessifs.

    Il semble que nous avançons à reculon, et que les incitations d’économies d’impots dégringolent elles aussi…
    La France préfère assumer des amandes de pollution plutôt que de réfléchir efficacement aux solutions.

    Les ministres verts devraient imposer un rapport de force sur ce sujet aussi .
    Bien cordialement
    Catherine

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