Les Baumettes à Marseilles : sortir de l’enfer carcéral

20 novembre 2009
Après avoir visité les prisons des Baumettes à Marseille aux côtés d’Eva Joly et de Robert Bret (ex. sénateur) et de Valence et avoir rencontré un grand nombre d’acteurs travaillant en lien avec le monde carcéral (personnels d’encadrement, personnels soignant, syndicats -magistrature, avocats-, associations de détenus, Ligue des Droits de l’Homme, Observatoire international des prisons, CIMADE…) et avant d’autres rendez-vous programmés à Lyon, Arles et Chambéry, Michèle Rivasi souhaite interpeller les pouvoirs publics sur la faillite du système pénal français et ses dérives répressives avec une prison devenant l’école de la récidive.
LOI PENITENTIAIRE : UNE OCCASION MANQUEE

Promise puis enterrée par Jospin, oubliée par Chirac, détruite par Sarkozy, la loi pénitentiaire votée cet automne n’est pas la grande loi attendue. Les rares avancées n’avaient pas besoin d’une loi pour être adoptées, de simples décrets suffisaient : les détenus avaient déjà le droit de téléphoner, l’encellulement individuel s’appliquait déjà en centre de détention (mais toujours pas en Maison d’Arrêts), le droit à l’exercice de culte existait déjà,… Cette loi marque surtout d’importants reculs vis à vis des attentes qu’elle avait suscitées que ce soit sur la réinsertion, le droit du travail en détention, la santé, les suicides, la libération conditionnelle, le maintien des relations familiales, le droit à la sexualité,…

PRIVATION DE LIBERTE N’EST PAS SYNONYME D’INDIGNITE

Face à la surpopulation carcérale, mieux vaut faire sortir de prison les personnes qui n’ont rien à y faire (personnes souffrant de maladies mentales, courtes peines, sans-papiers) qu’en construire de nouvelles. La prison souffre d’une absence de moyens. Nos visites de terrain nous ont montré des conditions de détention du Moyen Age (entassement de 3 détenus dans 9m2, absence de fenêtres aux cellules, de sanitaires et de wc isolés, saleté des locaux immonde, absence de moyens médicaux, vétusté…).

Les maux sont connus mais la puissance publique reste aveugle face aux suicides, à la solitude, à la violence, à l’absence de soins, d’accès au droit et de conditions de détention décentes pour les détenus. La privation de liberté et les politiques d’enfermement entraînent des dérives confinant à l’arbitraire, à l’opacité des institutions.

Je soutiens le combat des avocats et des détenus qui attaquent l’administration pénitentiaire et l’Etat devant les juridictions administratives pour « préjudice moral lié à des conditions matérielles de détention dégradantes ». Le jugement du Tribunal administratif de Rouen de mars 2008 est exemplaire en l’espèce et j’espère qu’il fera jurisprudence.

UNE AUTRE POLITIQUE PENALE EST POSSIBLE

Je souhaite mobiliser l’opinion française sur cet état de non droit du système pénitentiaire français, forteresse institutionnelle inaltérable et fidèle instrument d’une politique pénale de plus en plus répressive pratiquant de plus en plus la criminalisation de la misère (2/3 des détenus sont dans des conditions de précarité extrême) et des « combattants de la liberté » (faucheurs, d’OGM, syndicalistes, combattants pour le droit au logement…).

Un panorama des politiques carcérales dans les autres pays européens montre que d’autres politiques pénales sont possibles à l’instar de ce qui se fait dans les pays scandinaves où la réinsertion sociale est prioritaire. Le gouvernement doit être interpellé sur la non-application des règles européennes dans les prisons françaises. Il en va du respect élémentaire des droits fondamentaux dans un pays qui se fait le chantre de la promotion des Droits de l’Homme. Le constat de la désocialisation des détenus, de leur impossible réinsertion est patent.

Il faut agir. Vite.

En janvier, je souhaite organiser à Lyon des Etats généraux des prisons et des alternatives pour sortir de l’enfer carcéral actuel.

Vous pouvez aussi écouter une interview sur Chérie FM à ce sujet.

Contact presse : Sébastien Barles (06 75 00 63 31) attaché parlementaire de Michèle Rivasi

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2 commentaires

  • Colin Claude dit:
     - 

    Bonjour,

    Suite à cette nécessité de sortir de l’enfer carcéral, je suis témoin de ce que le ministère de la justice fait en construisant des prisons nouvelles comme celle de Corbas(69)
    avec ses 690 cellules réparties en 4 unités de détention.

    Occupée depuis mai 2009,cette Maison d’arrêt a contenu jusqu’à 950 prisonniers avec un effectif de surveillants inférieur de
    20 personnes selon l’administration et 30 selon les syndicats pénitentiers. Les postes de gardiens sont en verre
    fumé, un surveillant par étage pour 90 détenus disposants
    d’interphones si bien que le surveillant passe son temps à
    courrir d’une cellule à l’autre, il en faudrait 2 pour
    que le contact humain soit maintenu.

    Le travail manque de donneurs d’ordre, un quart des ateliers
    sont utilisés d’oû un manque à gagner pour les détenus, une
    insuffisance dans la réinsertion.

    Nous avons passé une convention de partenariat culturel entre les communes environnantes et le SPIP (service d’insertion) pour l’organisation des bibliothèques avec les
    détenus, mais du fait des difficultés de déplacement accompagnés par manque de surveillants, certains détenus inscrits n’arrivent pas dans la journée à accèder à la bibliothèque voire le bibliothéquaire lui même.

    Le personnel culturel, les visiteurs , aumoniers passent
    parfois 1 heure à passer 9 à 13 portes pour entrer et sortir.

    Ces dernières semaine la tension est montée, refus de réintégrer les cellules, agressions contre des surveillants,
    interventions des forces de sécurité.

    Je suis disposé à venir pour cette rencontre prévue en janvier 2010 à Lyon.

    Claude COLIN, Adjoint à la Culture de Corbas (élu Vert)

    •  - 

      Bonjour, la Prison des BAUMETTES A MARSEILLE est une honte …. l’exposition de photographies nous le confirme en plus des différents témoignages. Notre société exclue, et les disfonctionnements de certains services de l’état français à Marseille, ne font que empirer. Je transmets à EVA JOLY une demande d’enquête comme pour certains d’entre vous. Intervenante à l’ONU sur différents thèmes, je n’ai pas peur des pressions et menaces. J’ai dû créer un camp de réfugiées dans une zone urbaine sensible, pour terminer nos projets, qui aident à sauver la vie de milliers de malades en France, dom/tom et pays frontaliers.
      Grâce à différents outils pédagogiques. O6/32/OO/O6/58 – donnetespetales@yahoo.fr

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