Quand l’Europe défend la paix en finançant l’armement des pays tiers
« Au lieu de prévenir des conflits, l’Union européenne s’apprête à les alimenter. Normalement cette aide doit contribuer à la sécurité et à la stabilité via le financement de projets dans le domaine civil (1). Mais avec cette proposition de détourner 100 millions d’euros de l’Instrument de coopération au développement (ICD) pour financer des opérations militaires dans les pays tiers, l’Union européenne se referme un peu plus sur elle-même. Elle confirme que sa politique étrangère prend une tournure résolument sécuritaire dans l’espoir de mieux contrôler les flux migratoires comme l’a déjà montré l’accord avec la Turquie. C’est pourtant tout l’inverse qu’il faut faire. Il faut s’attaquer aux causes du problème : les régions les plus sensibles doivent percevoir des fonds qui permettront aux populations de construire leur avenir sur place.
Lorsque je l’avais interpelé à ce sujet le mois dernier, le Commissaire à la Coopération internationale et au Développement m’avait pourtant assuré qu’il était hors de question d’acheter des armes avec ces fonds (2). Mais les États membres ne peuvent s’empêcher de voir là un moyen de faire des affaires militaires quand notre continent occupe déjà la place de second fournisseur d’armes au niveau mondial grâce aux ventes de la France, de l’Allemagne et de l’Angleterre
Les écologistes feront tout ce qui est en leur pouvoir pour bloquer une telle proposition au Parlement européen. Les Traités sont avec nous et la Cour européenne de Justice l’a déjà confirmé : les fonds d’aide au développement ne peuvent servir des objectifs militaires ».
(1) L’IcSP sert à court terme à financer les interventions de l’UE dans les situations de crise ou de crise émergente (souvent en complément de l’aide humanitaire de l’UE), et au renforcement, sur le long terme, des capacités des organisations impliquées dans la gestion des situations de crise et la consolidation de la paix.