Quand le secret d’affaires favorise l’industrie des pesticides
En mai prochain, la Commission européenne doit décider de réautoriser ou non le glyphosate pour 15 ans en Europe. Or une véritable foire d’empoigne a lieu entre l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui a jugé le glyphosate comme cancérigène probable dans un avis récent, et l’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA), qui, elle, estime exactement l’inverse. À l’origine de cet imbroglio: les études prises comme base par les deux agences.
L’avis de l’OMS se base sur des recherches scientifiques publiques, passées en revue de manière relativement indépendante. Celui de l’EFSA repose sur des études dont certaines ont été réalisées par les équipes de Monsanto et d’autres entreprises de l’agrochimie. Les industriels invoquent le secret d’affaires pour ne pas publier ces travaux. Les résultats de ces études privées, censées prouver que le glyphosate n’est pas dangereux, ne peuvent pas être consultés librement par les décideurs politiques.
Le débat scientifique est donc totalement bloqué. C’est à l’EFSA qu’il revient maintenant de publier les études produites par Monsanto. C’est également aux 28 gouvernements de l’Union européenne d’agir. Alors qu’au mois d’avril le Comité européen chargé de se mettre d’accord n’a pas trouvé de majorité qualifiée, ils restaient divisés: trois pays (la France, les Pays-Bas, et l’Italie) se sont farouchement opposés au renouvellement et huit autres dont l’Allemagne se sont abstenus.
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