Que fait l’Union européenne pour les sans-abri ? ITV de Karima Delli
En Europe, la vague de froid a tué plus de 600 personnes, des sans-abri pour la plupart, ces deux dernières semaines. Aujourd’hui, le commissaire européen chargé des affaires sociales, Laszlo Andor, doit expliquer sa politique pour protéger les sans-abri devant le Parlement de Strasbourg.
KARIMA DELLI, députée Europe Écologie-Les Verts au Parlement européen et membre de la commission emploi et affaires sociales
« On estime à trois millions le nombre de sans-abri dans l’Union européenne. Dès 2008, le Parlement a souligné dans une déclaration écrite qu’il fallait s’emparer du problème, qui a fait l’objet d’une grande conférence en 2010.
Parallèlement, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale a été inscrite comme une priorité de la “stratégie européenne 2020” (adoptée en 2010 par la commission pour relancer l’économie en dix ans).
Enfin, en septembre cette année, le Parlement a adopté une résolution pour une stratégie de l’UE en direction des sans-abri. Mais elle est restée lettre morte, la commission n’a rien mis en œuvre. Elle a reconnu la nécessité de cette stratégie mais n’a ouvert aucun dossier.
Il est fréquent de considérer que le phénomène des sans-abri ne relève pas des compétences européennes. Mais c’est parce qu’on le résume à un problème de logement (NDLR : relevant des compétences nationales) . Or c’est avant tout un problème de solidarité, une valeur inscrite dans le traité de Lisbonne !
UN DISPOSITIF DE PRÉVENTION DOIT ÊTRE MIS EN PLACE
En l’absence d’agence européenne spécialisée, le phénomène est mal connu à l’échelle de l’UE. Le chiffre de trois millions n’a rien d’officiel, c’est une compilation de données émanant d’associations. Une telle agence, dont nous demandons la création, permettrait de recueillir les données et de favoriser les échanges de bonnes pratiques entre les pays.
Une réaction européenne s’impose, mais celle-ci doit être intégrée, et traiter en même temps chaque facette du problème des sans-abri : logement, santé, insertion… Il faut évaluer tous les six mois les réalisations des États membres.
Un dispositif de prévention doit être mis en place, par le biais d’une offre de logement abordable et gérée au niveau local et non national comme dans certains États.
Enfin, il faut prendre en compte les profils de sans-abri. On n’aide pas de la même manière celui qui est dans la rue depuis six mois et celui qui y est depuis dix ans. On doit aussi mettre en place un fonds de secours pour les pays qui rencontrent des difficultés à faire face.
Celui-ci pourrait être alimenté par les fonds structurels ou par le Fonds européen de développement régional (Feder). Il y a urgence. Les États membres sont capables d’organiser en catastrophe des sommets pour la zone euro, ils peuvent en faire autant pour les sans-abri. »
MARIANNE MEUNIER