Retour de mission à Bari après les attaques à l’encontre des travailleurs migrants de Rosarno
Pour Hélène Flautre, membre de la Commission des libertés civiles, justice et affaires intérieures, « force est de constater que les migrants noirs ont été la principale cible de ces violences, conséquence directe du système de ségrégation en vigueur dans la zone de non droit qui sévit à Rosarno. L’absence de toute information et de toute assistance juridique au sein des centres reflète le manque de volonté et de considération des autorités à l’égard d’une population vulnérable et pourtant indispensable à l’économie italienne. Cette situation aurait pu être évitée si les Etats membres de l’Union européenne s’étaient mobilisés en tirant leçon des émeutes racistes de 2000 à El Ejido en Espagne. J’appelle la Présidence espagnole à enfin présenter au Parlement européen une directive sur les conditions d’entrée et de séjour des travailleurs saisonniers garantissant le plein respect de la dignité et du droit ».
Des témoignages qu’elles ont pu récolter, il ressort que les incidents qui ont éclaté entre la population de Rosarno et des migrants travailleurs saisonniers sont le fruit de rumeurs selon lesquelles des migrants avaient été pris pour cible et abattus par la population. Si rien ne vient confirmer cette hypothèse, il apparait certain que cet épisode de violence s’inscrit dans un lourd climat de racisme ambiant entretenu par le laxisme des autorités italiennes.
Pour Isabelle Durant, Vice Présidente du Parlement européen, « les autorités italiennes sont complices de la situation de non droit de ces travailleurs saisonniers qui pour la plus part sont en situation de séjour régulier mais embauchés clandestinement. Le maintien de cette main d’œuvre à bas prix, pour ne pas dire gratuite, sous le joug de la mafia locale ne pouvait échapper aux autorités. La tolérance d’un pays européen à l’égard de la mise en esclavage de travailleurs étrangers est inacceptable, nous appelons la Commission européenne à prendre toutes les mesures qui s’imposent pour garantir le respect par l’Italie de l’article 5 de la Charte des droits fondamentaux quant à l’interdiction de l’esclavage et du travail forcé ».
Il serait trompeur de penser que cette économie mafieuse a été mise à mal par les violences de Rosarno puisque cette traite se poursuit désormais avec des travailleurs d’Europe de l’Est et du Maghreb. Une enquête est nécessaire pour établir les causes et les responsabilités de ces violences et aussi faire que cette situation de haine raciale et d’esclavagisme cesse immédiatement.
C’est pourquoi le groupe des Verts/ALE jouera pleinement son rôle au sein de la délégation d’enquête du Parlement européen qui devrait se rendre très prochainement sur les lieux.