Sandrine Bélier : les enjeux de Copenhague
La conférence de Copenhague se réunira en décembre prochain pour débattre de la lutte contre le réchauffement climatique. Un rendez-vous international lourd d’enjeux et qui suscite beaucoup d’attentes. Mme Sandrine BÉLIER (Verts/ALE, FR), membre de la commission de l’environnement du Parlement européen, nous donne son point de vue.
Qu’attendez-vous de la conférence de Copenhague qui se tiendra du 7 au 18 décembre 2009?
J’en attends un accord ambitieux, efficace et équitable nécessaire pour que le réchauffement planétaire n’excède pas un maximum de deux degrés, pour éviter les effets de changements climatiques considérables qui auraient des conséquences désastreuses et très coûteuses pour l’Europe et pour le monde. Cet accord devra reposer sur deux grands engagements. L’un sur le plan technique, l’autre sur le plan de la solidarité. Nous devons stopper l’emballement de la machine climatique et nous fixer un objectif mondial en mesure d’induire une baisse mesurable de nos émissions dès 2015. Nous devons enfin voir les choses en face. Il y a urgence. Les conséquences de la dégradation de notre environnement sont déjà là en terme de crise alimentaire, par exemple, avec la disparition des terres arables qui met en compétition des territoires, provoque des exodes et des émeutes de la faim. Les effets sont également visibles en matière sociale, avec des crises qui se multiplient suite à de fortes tempêtes et autres montées des eaux, et qui génèrent de surcroît la destruction des outils de production. Je pense aussi à la raréfaction des matières premières. Ici encore, les conséquences sont réelles : disparition d’emplois, migrations forcées, surpeuplement autour de quelques zones d’activité – généralement de grands centres urbains.
Pour inverser cette tendance, les pays occidentaux, et l’Union européenne en tête, doivent être exemplaire. Un accord ambitieux sur l’objectif chiffré de réduction de gaz à effet de serre, pour les pays « riches » est de ce point de vue essentiel. Nous ne pouvons pas nous contenter de demi-mesures: les chefs d’Etats et de gouvernements doivent s’accorder sur une réduction de 40% des gaz à effet de serre d’ici 2020 par rapport aux niveaux de 1990. Mais il est aussi de notre devoir d’accompagner dans cette voie les pays du Sud, les pays les plus vulnérables qui subissent déjà, pour certains, de plein fouet les premiers effets du dérèglement climatique. C’est là qu’intervient la notion de solidarité que j’évoquais précédemment. Parce que les pays industrialisés sont responsables des émissions passées de gaz à effet de serre, qu’ils restent aujourd’hui de grands émetteurs, ils doivent effectivement être les premiers à réduire massivement leurs émissions; mais ils doivent aussi accompagner les pays du Sud dans cette transition.
Quelles sont, selon vous, les principales mesures qui devraient être prises à Copenhague, pour lutter efficacement contre le réchauffement de la planète, après le relatif échec du Protocole de Kyoto?
Les principales mesures sont au nombre de deux : les gouvernements devront déjà, mettre en place des mesures financières équitables à destination des pays du Sud. La première clé du succès de la conférence de Copenhague est ici: faire en sorte que des pays industrialisés soutiennent véritablement les pays les plus pauvres, de manière pérenne et proportionnée à leurs besoins. Il devra donc ressortir de ce sommet un engagement financier, dans lequel l’Europe assumera la part qui lui revient, pour accompagner les efforts en matière d’atténuation, de technologies et d’adaptation qui seront consentis par les pays en développement.
La seconde clé tient à la réduction des émissions dans les pays du Nord. Pour ce faire et au-delà des objectifs chiffrés, nous devrons non seulement nous accorder sur la mise en oeuvre d’une politique volontariste axée sur la sobriété et l’efficacité énergétique, la promotion des énergies renouvelables mais aussi sur une forte sensibilisation de l’ensemble des acteurs concernés.