Sans scrupule, le Parlement européen balaie d’un revers de la main les mises en garde de la Cour des comptes
Au lieu de suivre les recommandations de la Cour européenne des comptes chargée de vérifier la régularité des dépenses et le bon fonctionnement des projets, les députés des groupes PPE, Socialiste, Libéraux ont choisi de cautionner le gaspillage d’argent public pour des raisons strictement idéologiques.
Pour José Bové, membre de la Commission du Contrôle budgétaire:
« À quoi sert une cour des Comptes si ses recommandations ne sont pas suivies? Qu’on soit pour ou contre le nucléaire, le projet ITER est, d’un point de vue strictement budgétaire, un gouffre financier.
Les retards, les dépassements des coûts, la mauvaise gestion des deniers publics auraient dû suffire pour que les députés refusent la décharge budgétaire. Au lieu de cela, le travail de la Commission du Contrôle Budgétaire a été démonté sous la pression de parlementaires français de droite et de gauche soumis au lobby du nucléaire.
Tout comme l’EPR de Flamanville en France, le projet ITER de fusion nucléaire est une grande arnaque. Le nucléaire n’est pas et ne sera jamais une solution au défi climatique et à la transition énergétique. Le budget européen ne doit être pas investi dans le nucléaire mais dans les énergies renouvelables et la transition écologique de l’économie. »
Pour Michèle Rivasi, membre de la Commission santé et environnement:
« ITER est une impasse scientifique qui conduit inéluctablement à la gabegie budgétaire. Même si par miracle, il produisait des résultats à moyen terme, nous en serions encore à des décennies de son application commerciale. Son financement dépend pour une bonne partie du budget européen duquel devraient être pompés 2,9 milliards d’euros supplémentaires pour la période 2014-2020.Les écologistes alertent depuis de nombreuses années sur les risques et défauts de la fusion nucléaire et, notamment, sur le risque de disruption du plasma, un problème qui n’a toujours pas trouvé de solution.
La question du tritium nécessaire au fonctionnement d’ITER devrait également préoccuper les bailleurs du projet. Actuellement, le tritium est produit en quantité très limitée à l’échelle mondiale. Les stocks disponibles sont faibles et disparaissent par désintégration radioactive. Des tensions sur le marché du tritium, générées notamment par l’approvisionnement nécessaire pour ITER, feront exploser les coûts de manière prévisible : certains experts n’hésitent pas à évoquer une augmentation de 30.000 dollars le gramme à 100.000 dollars. Ce qui impliquerait à terme un surcoût d’1.3 milliards de dollars pour le seul approvisionnement en tritium. Face à de tels dérapages des coûts et à la pénurie de tritium prévisible, les États-Unis n’hésitent pas aujourd’hui à évoquer leur retrait pur et simple du projet ITER. »
(1) Le Parlement européen octroie la décharge au budget annuel de l’UE. En cas de soupçons d’irrégularités budgétaires, les députés peuvent refuser ou reporter la décharge pour les lignes budgétaires concernées. La Commission du contrôle budgétaire du PE, compétente pour la décharge transmet ses recommandations à la plénière. Le report de la décharge d’hier soir concernait le budget 2013.
(2) Plus d’un tiers du financement du projet ITER de fusion nucléaire provient du budget de l’Union européenne. Le reste provenant des États membres de l’UE et de pays tiers dont la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, la Russie et les États-Unis.