Séisme au Japon : avec le nucléaire, le risque zéro n’existe pas
« Avec le nucléaire, le risque zéro n’existe pas. » Selon Michèle Rivasi, eurodéputée EELV, et fondatrice de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD), « les décideurs japonais ont joué aux apprentis sorciers » : « Un tiers du bouquet énergétique japonais repose sur le nucléaire. Le pays a même envisagé d’ouvrir une dizaine de nouvelles centrales d’ici 2030 pour faire passer cette proportion à 50 %. Alors qu’en 2007, des incidents ont déjà eu lieu dans deux centrales à cause de l’activité sismique, comment le Japon a-t-il pu juger concevable d’augmenter encore sa dépendance à l’énergie nucléaire ? Ce sont des risques insensés. »
La France est-elle à l’abri ?
Le choix énergétique du Japon, c’est aussi celui de la France : avec ses 58 réacteurs, notre pays possède le deuxième parc nucléaire au monde après les Etats-Unis. Les 19 centrales installées sur le territoire fournissent environ 75 % de l’électricité du pays. Certaines d’entre elles sont construites sur des failles comme à Fessenheim, à Cruas ou encore à Cadarache qui devrait accueillir le futur réacteur ITER – et sont donc vulnérables aux risques naturels. « En 2003, le réseau Sortir du Nucléaire dénonçait la falsification des données sismiques par EDF qui souhaitait s’éviter des travaux onéreux, pourtant indispensables pour la sûreté nucléaire, rappelle Michèle Rivasi. Aujourd’hui, ce réseau qui fédère plus de 700 associations, estime que le parc français est vieillissant et dénonce une inévitable dégradation de la sécurité. »
C’est particulièrement le cas de la plus vieille centrale française en activité, celle de Fessenheim, mise en service en 1977 au bord du canal d’Alsace. Malgré les nombreuses mobilisations citoyennes, le tribunal administratif de Strasbourg a décidé, le 11 mars 2011, de ne pas fermer cette installation… Ni le risque sismique, ni les risques d’inondation n’ont été retenus comme des dangers suffisants.
Les alternatives existent
Devant l’ampleur de la catastrophe au Japon, la Commission européenne a convoqué ce mardi une réunion des autorités nationales de sûreté nucléaire et des industriels du secteur pour tirer les premières leçons de la situation. La chancelière allemande Angela Merkel vient d’annoncer la fermeture immédiate et pour trois mois des sept réacteurs mis en service en Allemagne avant la fin 1980. La Suisse suspend ses projets de renouvellement de centrales nucléaires. « Et, que fait la France ? », demande Yannick Jadot, eurodéputé Europe Ecologie – Les Verts.
Pour les écologistes, il est grand temps d’utiliser des énergies plus fiables et renouvelables. Dans leurs travaux au Parlement européen, les élus du groupe des Verts/ALE militent au quotidien pour augmenter la part d’énergie propre utilisée dans l’Union européenne. Des technologies nouvelles existent. Elles ont fait leur preuve dans d’autres pays, créent des emplois et pourtant, la France s’en détourne. La filière photovoltaïque est actuellement malmenée par le gouvernement qui vient de publier deux arrêtés fixant un nouveau cadre réglementaire au secteur. 25 000 emplois risquent d’ores et déjà de disparaître. « La France doit rapidement changer de stratégie énergétique et cesser de s’enliser dans les énergies du passé, confirme Yannick Jadot. Le gouvernement doit revenir sur toutes les mesures discriminatoires récentes vis-à-vis des énergies renouvelables, à savoir les dispositifs qui visent à freiner l’éolien sur terre et le développement du photovoltaïque, et lancer rapidement la deuxième phase du projet d’éolien en mer, afin de faciliter l’émergence de filières industrielles françaises. »
Depuis des années, les écologistes demandent qu’un vrai débat public sur l’énergie ait lieu. Les événements au Japon renforcent notre détermination. Il est possible d’organiser un référendum sur la sortie du nucléaire et ses modalités dans les années à venir. Pour Daniel Cohn-Bendit, « ce sont les citoyens français qui doivent choisir. »
Un commentaire
Non le risque zéro n’existe pas et l’avenir risque, hélas de le confirmer.
Cela étant dit, si j’adhère à votre positionnement, à mes yeux vous ne deviendrez vraiment crédibles qu’à partir du moment où vous envisagerez d’autres énergies alternatives que celles en cours. Ainsi, je m’étonne que personne n’évoque les travaux de Tesla et en particulier ceux portant sur l’énergie libre.Je ne peux pas croire que vous n’en soyez pas informés pas plus que vous ne pouvez ignorer que Tesla réalisa la première voiture électrique dès le début des années 1900 et qu’il prévoyait, vers la même époque la fin des réserves de pétrole, contre l’avis d’Edison.
Votre réponse sur ces sujets serait bienvenue.
Richard Khaitzine
Membre de la Société de Gens de Lettres