Le Parlement européen a adopté le 7 octobre une résolution ambitieuse qui fixe les objectifs européens en vue du sommet sur la biodiversité organisé fin octobre par les Nations unies au Japon. Sandrine Bélier, coordinatrice de la campagne biodiversité pour le groupe des Verts/ALE, a pourtant appelé ses collègues à faire le choix de l’abstention au moment du vote en plénière : malgré ses orientations positives, le texte pourrait en effet cautionner le principe de la « marchandisation du vivant » que les écologistes ont toujours combattu.
La résolution du Parlement européen en vue du sommet de Nagoya est une bonne résolution d’intentions pour la lutte contre la perte de la biodiversité. Le texte dénonce clairement l’échec des engagements pris lors des derniers sommets de Terre (Rio en 1992 et Johannesburg en 2002), il reconnait l’urgence et la priorité à agir dans ce domaine. Il appelle à changer la donne à Nagoya mais sa portée est affaiblie par plusieurs dispositions que les écologistes ne pouvaient pas soutenir en l’état.
« En nous abstenant, nous avons voulu signifier que nous soutiendrons les ambitions et engagements que contient ce texte mais nous nous opposerons à une possible dérive de financiarisation de la biodiversité », explique
Sandrine Bélier, membre de la Commission environnement, qui s’apprête à participer aux négociations à Nagoya.
par EurodeputesEE
« On peut se féliciter des nombreuses mesures ambitieuses que contient la résolution comme la suppression des subventions néfastes ou encore l’engagement au succès du protocole sur l’accès aux ressources génétiques et le partage des avantages intégrant les droits et cultures des communautés indigènes et locales, précise la députée. Mais l’imprécision sur les financements publics consacrés à cette stratégie et la lecture combinée de plusieurs dispositions consacrés au financement pourraient cautionner indirectement la possibilité de donner une valeur financière au vivant. Nous souhaitions une position plus ferme du Parlement à garantir que l’avenir de la biodiversité ne soit pas délégué au seul secteur privé et puisse devenir un objet de spéculations financières. Notre amendement en ce sens a été rejeté et un amendement présenté par le PPE est venu affaiblir le principe de non-brevetabilité du vivant. » Un principe qui s’oppose celui de « souveraineté alimentaire » qu’Europe Écologie défend.