« Tourisme social » : un vocabulaire scandaleux et un fantasme d’eurosceptiques

12 novembre 2014
Mardi 11 novembre, la Cour de Justice de l’Union Européenne a rendu un arrêt sur le cas de deux ressortissants roumains : Elisabeta Dano et son fils, à qui l’agence pour l’emploi de Leipzig avait refusé d’octroyer certaines prestations sociales. Dans cet arrêt, la Cour pose : « Les citoyens de l’Union économiquement inactifs qui se rendent dans un autre État membre dans le seul but de bénéficier de l’aide sociale peuvent être exclus de certaines prestations sociales. »

Au-delà de cette clarification juridique, Karima Delli, eurodéputée EELV, membre de la Commission Emploi et affaires sociales du Parlement européen, déplore le contexte dans lequel intervient cet arrêt:

« L’emploi du terme de « tourisme social » est scandaleux, il présuppose qu’aujourd’hui il existerait une foule d’Européens qui se rendent dans des pays voisins afin de bénéficier de leurs avantages sociaux. Or dispose-t-on de quelconques éléments probants qui prouveraient que les migrants européens plombent nos économies ! Je serais curieuse de les connaître ? C’est bien simple, cette preuve n’existe pas, car les migrants européens ne représentent qu’à peine 5% des bénéficiaires de prestations sociales fournies par les Etats-membres de l’Union européenne. Voilà les faits !

Sortons des fantasmes, et regardons la réalité en face ! La liberté de circulation des citoyens européens est une chance pour eux, pour l’Europe, mais aussi et surtout pour leur pays de résidence. Plutôt que d’agiter le chiffon rouge de l’immigration, j’invite le premier ministre britannique David Cameron à se féliciter du fait qu’entre 2000 et 2011, le Royaume-Uni a gagné pas moins de 20 milliards de livres-sterling grâce aux contributions fiscales des migrants européens résidant sur son sol.

Plutôt que de jouer sur la peur de l’étranger, mieux vaudrait que nos dirigeants s’attèlent à régler les problèmes de chômage en Europe. La vérité, c’est que ce sont les multinationales qui font du tourisme en Europe : fiscal, social, et environnemental, au détriment de l’Europe et des citoyens de tous les Etats-membres. La vérité, c’est qu’au lieu de revenir au chacun pour soi national, nous avons besoin de plus d’Europe, et notamment d’Europe sociale pour enrayer le phénomène de dumping social et fiscal. Sans harmonisation de nos fiscalités, sans création d’un revenu minimum européen, sans mise en place d’un véritable salaire minimum européen et d’une assurance chômage européenne, on ne répondra pas de manière efficace au problème du chômage, véritable priorité des Européennes et des Européens. »

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