UE/Turquie : un rapport frileux de la Commission européenne

10 novembre 2010
Le 9 novembre, la Commission européenne a publié son rapport annuel sur l’avancée des négociations avec les candidats à l’adhésion. La Turquie remporte un « peu mieux faire ». En cause : l’application des réformes déjà entreprises, la liberté de la presse et les relations avec la République de Chypre. Europe Écologie partage ce constat… mais note sévèrement les Etats-membres qui, de leur côté, ne font preuve d’aucune bonne volonté.
La Turquie progresse constate la Commission, mais trop lentement. Dans son rapport annuel, l’exécutif européen dresse le bilan des derniers efforts réalisés par Ankara dans le cadre de son processus d’adhésion à l’Union européenne. Elle salue bien entendu les récentes réformes constitutionnelles qui devraient notamment « permettre de limiter les compétences des tribunaux militaires, de restructurer la cour constitutionnelle, d’élargir les droits des syndicats dans le secteur public, et de protéger les droits des femmes et des enfants. » Ce pas important « dans la bonne direction » est une chose, mais la Commission européenne attend plus : « Pour renforcer cette réforme constitutionnelle, une grande consultation publique avec la société civile et les partis politiques est nécessaire dans le pays. » L’objectif pour la Turquie est de constituer un base solide pour une « démocratie nouvelle », en phase avec les standards européens et les critères d’adhésion.

La France et l’Allemagne bloquent

Europe Écologie approuve ce constat et encourage également le gouvernement turc « à transformer l’essai » et faire la preuve de sa capacité à créer du consensus dans l’élaboration d’une nouvelle constitution. Mais notre groupe politique estime aussi que les « efforts » doivent être partagés : « Il est temps que le Conseil européen envisage l’adhésion de la Turquie sans hypocrisie et assume les conséquences pour l’UE de son inertie actuelle, estime Hélène Flautre, eurodéputée Europe Écologie, à la tête de la délégation parlementaire UE/Turquie. Les négociations s’enlisent à cause des blocages de la France, l’Allemagne ou encore Chypre. Ces paradoxes de la politique européenne à l’égard de la Turquie menacent aujourd’hui les progrès démocratiques dans ce pays. » 

Politique étrangère

La question chypriote est l’un des principaux points sensibles du processus. La Commission européenne le mentionne dans son rapport en demandant à la Turquie de lever les obstacles à la libre circulation des biens avec la République de Chypre, pays-membre de l’UE. « La Turquie a continué à exprimer publiquement son soutien aux négociations de paix sous l’égide de l’ONU, pour assurer le dialogue entre les communautés de la partie grecque de Chypre et de la partie turque, reconnaît l’institution. Cependant, il n’y a eu aucun progrès en ce qui concerne la normalisation des relations bilatérales avec la République de Chypre », condamne-t-elle.

Pour Hélène Flautre et ses collègues eurodéputés écologistes, c’est au contraire, la possibilité concrète de l’adhésion de la Turquie qui pourrait permettre de voir une issue au conflit chypriote. Et la frilosité d’un certain nombre de politiciens européens n’arrange rien. Pire, leurs déclarations ont des effets « dévastateurs sur la mobilisation turque », quand bien même on reconnaît à la Turquie une position attractive dans le cadre de sa politique étrangère de voisinage. Rôle crucial au Moyen-Orient, conciliation avec l’Arménie… « Le processus d’adhésion reste un mécanisme de paix dans le cadre duquel la Turquie démocratique est appelée à jouer un rôle majeur en termes de stabilité tant sur le plan interne qu’à l’échelle de la région dans son ensemble », rappelle la députée. L’UE devrait s’en réjouir, plutôt que de faire preuve de tant d’incohérences.

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