À qui appartient votre ville ? Comment les investisseurs immobiliers utilisent les logements pour gagner de l’argent

28 janvier 2022

Pourquoi avons-nous le sentiment que les loyers ne cessent d’augmenter ? Pourquoi les prix de l’immobilier continuent-ils d’augmenter alors que les salaires sont stables dans de nombreux pays ? Pourquoi les villes construisent-elles de nouvelles tours d’habitation qui restent ensuite vides ? Pendant ce temps, de nombreuses personnes ont du mal à trouver un logement abordable et le sans-abrisme est en augmentation. L’eurodéputé Verts/ALE Mounir Satouri lève le rideau sur la crise du logement en Europe pour révéler qui contrôle vraiment nos logements.

Le problème est connu sous le nom de « financiarisation » du logement. Les grands investisseurs immobiliers institutionnels ont une empreinte croissante sur nos villes. Les fonds d’investissement cherchent à acheter des logements – des immeubles d’appartements aux appartements multifamiliaux – puis à les louer pour réaliser un profit. Le logement devient un moyen de gagner de l’argent. Un investissement stable au lieu d’un logement.

Les investisseurs immobiliers institutionnels sont principalement concentrés dans les grandes villes européennes – de Paris à Berlin, Madrid, Amsterdam, Dublin et Copenhague. Mais leur activité est diversifiée : les investisseurs ont également un impact sur les petites villes, aux Pays-Bas par exemple. Grâce à ces graphiques et de cette carte, vous pouvez désormais obtenir une vue d’ensemble d’où se trouvent ces investisseurs et une estimation des sommes d’argent impliquées.

 

Hausse des loyers et des prix de l’immobilier : à qui profite vraiment le marché immobilier européen ?

En Espagne, le plus gros propriétaire est une seule entreprise, du nom de Blackstone. Blackstone possède 40 000 logements, soit 40 % de tous les logements appartenant à des investisseurs institutionnels en Espagne. Lors du débat sur les nouvelles lois espagnoles sur le logement, Blackstone s’est opposée à l’objectif d’allouer 30 % des parcs de logements institutionnels au logement social. Son argument ? Le gouvernement devrait, plutôt que de s’assurer que les investisseurs fournissent du logement social, payer des subventions supplémentaires pour celui-ci.

À Berlin, les investisseurs immobiliers institutionnels, comme Blackstone et d’autres, ont gagné 40 milliards d’euros sur le dos de l’immobilier dans la ville. À Paris, quelques 43 transactions d’investissement résidentiel ont atteint un total de 14 milliards d’euros au cours de la dernière décennie (2011 -2021). À Amsterdam, Rotterdam et La Haye réunis, il y a eu environ 120 transactions d’une valeur de 13,82 milliards d’euros entre 2013 et 2021 (et il s’agit d’une estimation basse en raison de lacunes dans les données).

Les villes ont deux réalités : celle des investisseurs et celle du reste d’entre nous. Pour celles et ceux qui vivent et travaillent dans les villes, la hausse des loyers et des prix des logements les mène à dépenser jusqu’à 40 % ou plus de leurs revenus pour se loger chaque mois. La hausse des prix de l’énergie augmente les coûts de chauffage. Beaucoup des habitant·e·s des villes sont sous pression. Pendant ce temps, les investisseurs institutionnels (dont les plus grands viennent de l’extérieur de l’Union européenne) possèdent des logements dans lesquels ils ne vivent pas mais dont ils tirent profit.

 

Obtenir un changement : comment pouvons-nous garantir le droit à un logement abordable dans l’Union européenne ?

Cet état des lieux peut donner un sentiment d’impuissance. Comment cela pourrait-il changer ? Les villes et les gouvernements nationaux ont un grand rôle à jouer. Et l’Union européenne aussi. Nous avons tendance à considérer le logement comme une question qui n’est pas européenne, mais les réglementations européennes et les règles financières ont un impact sur la manière dont les pays sont autorisés à organiser leurs règles vis-à-vis des investisseurs.

Les décideuses et décideurs européen·ne·s commencent à s’en apercevoir. Il existe de nombreuses façons dont ils pourraient aider à pousser au changement. Ce changement peut nous aider à créer des maisons et des villes plus abordables. Pour les gens, pas pour le profit financier. Voici ce que les décideuses et décideurs politiques européen·ne·s peuvent faire pour aider à résoudre la crise du logement :

*Union des marchés des capitaux

Voilà certains des changements que nous voulons obtenir de la part de l’Union européenne. La Commission européenne est chargée de proposer de nouvelles politiques. Elle peut contribuer au changement. Le gouvernement français assure actuellement la présidence du Conseil européen. Il organise une réunion ministérielle sur le logement, à Nice, les 7 et 8 mars 2022. Cette réunion pourrait être une vraie opportunité pour les ministres de préciser leur engagement pour un logement décent et abordable.

 

Ma maison est une classe d’actifs : une nouvelle étude Verts/ALE sur la financiarisation du logement

Le groupe des Verts/ALE au Parlement européen a publié une étude (jeudi 27 janvier) explorant la financiarisation du logement en Europe et ce que l’UE peut faire à ce sujet.

 

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