PAC : la réforme entérine la politique du chacun pour soi imposée par les Etats membres
– La rotation obligatoire des cultures, proposée par le groupe des Verts/ALE au Parlement européen n’a jamais été sérieusement prise en considération. Elle aurait permis de réduire notre dépendance vis-à-vis des importations de soja en provenance d’Amérique du sud, d’améliorer la qualité des sols et de réduire l’utilisation d’engrais, ainsi que de rétablir notre balance commerciale. Une mesure centrale pour commencer à sortir du modèle agro-industriel… Le lobby de l’agro-industrie a remporté la partie en permettant de continuer la monoculture sur 80 % de la surface des exploitations. Des entreprises comme Cargill vont pouvoir continuer à faire des profits colossaux en important du soja, sur le dos des éleveurs qui mettent la clé sous la porte les uns après les autres.
– Le plafonnement des aides fixé par le Parlement européen à un niveau déjà faramineux et scandaleux de 300 000 euros n’est même pas pris en compte. Il ne concernait pourtant que 35 000 exploitations agricoles en Europe sur 13 millions. Les États membres ne sont pas tenus de l’appliquer. Ils organisent ainsi la concurrence interne en favorisant les accapareurs de terre qui pourront racheter leur voisin en faillite avec le soutien de l’argent des contribuables.
– La convergence des aides entre les pays et les paysans a été foulée aux pieds. Les grands céréaliers se frottent les mains. Le pactole qu’ils touchent chaque année est ainsi préservé. Il ne pourra pas être réduit de plus de 30 % d’ici à 2020.
Tant qu’aucun accord n’aura été trouvé sur le budget européen pour les sept prochaines années, il est absolument inconcevable de finaliser une politique agricole sans même connaître les montants qui lui seront attribués notamment pour ce qui concerne le développement rural. « J’espère de tous mes vœux que le Parlement européen réagira cet automne en refusant de voter en seconde lecture une réforme de la PAC socialement injuste, écologiquement intenable, économiquement stupide, et politiquement dangereuse », estime José Bové.