Climat : le premier pas de la BEI doit être suivi d’un désinvestissement massif et immédiat dans les énergies fossiles

La Banque européenne d’Investissement (BEI) est la banque de l’Union européenne. Son conseil d’administration est composé de représentant·e·s des États membres et de la Commission européenne. Elle a annoncé hier qu’elle cesserait de financer de nouveaux projets liés aux énergies fossiles, y compris le gaz, à partir de 2022. Cette décision attendue n’a pas été sans rencontrer des oppositions au sein des États membres, et le résultat final est plus mitigé que son annonce en fanfare. Réaction des eurodéputé.e.s EELV.

Pour Marie TOUSSAINT, eurodéputée qui avait été à l’initiative de la pétition « L’Affaire du Siècle » : « Les mobilisations citoyennes pour le climat ont poussé les États membres à revoir la stratégie d’investissement de la BEI, c’est une victoire. Mais ne nous trompons pas : il s’agit d’un premier pas essentiel, mais encore insuffisant au regard de l’urgence. Si l’UE souhaite vraiment protéger le climat, c’est l’ensemble des fonds qu’il faut sortir des fossiles, cesser les exonérations fiscales, revoir les politiques de la BERD et de la BCE, et réguler les banques privées européennes afin qu’elles cessent de financer des projets climaticides. C’est possible ! La décision de la BEI ouvre un chemin, nous devons maintenir le cap ».

David CORMAND, eurodéputé rapporteur sur la BEI appelle à la vigilance : « Comme toujours, le diable se cache dans les détails : derrière cette annonce se cachent de nombreuses exemptions et un soutien continu à la construction d’infrastructures fossiles. Tous les investissements dans des gazoducs ou des terminaux méthaniers qui seront réalisés d’ici 2021 nous maintiendrons dans une situation de dépendance vis-à-vis de ces énergies néfastes pendant encore des décennies. En tant que rapporteur sur les activités de la BEI je resterai vigilant pour qu’elle garde le cap le plus ambitieux possible sur les prêts dans le secteur des énergies, mais aussi dans le secteur des transports, qui est l’autre bataille majeure que nous devrons mener ».

Damien CARÊME, eurodéputé membre de la Commission des Affaires économiques et monétaires (ECON) renchérit : « Avec cette décision plus que mitigée au regard de l’urgence climatique, les écologistes savent à quoi s’en tenir. Nous ne baissons pas la garde car les années à venir seront cruciales : l’Union européenne doit aussi s’accorder sur la taxonomie, une classification qui fournira aux entreprises et aux investisseurs un langage commun pour déterminer les activités économiques qui peuvent être considérées comme durables sur le plan environnemental. Pour que notre avenir soit 100% énergies renouvelables, nous nous battrons pour que le nucléaire soit exclu de cette taxonomie ».

L’eurodéputée Michèle RIVASI critique les zones d’ombres : « L’appui de la BEI aux projets de production d’énergie nucléaire et de cycle du combustible nucléaire n’a pas été pris en compte lors de cette révision. Or, le nucléaire est un gouffre sans fond pour le contribuable et le triplement de tous les coûts d’investissements montrent bien que cette énergie est aussi rentable qu’inadaptée aux aléas du changement climatique. Les investisseurs privés comme publics devraient s’en détourner, comme l’a fait remarquer l’agence de notation Standard & Poor‘s au sujet de l‘EPR. Aussi, la BEI ne doit surtout pas aider à financer la prolongation des centrales nucléaires au-delà de 40 ans : on ne met pas de cautère sur une jambe de bois ».

Et les eurodéputé.e.s de conclure : « Nous sommes dubitatifs face aux non-dits de la BEI, mais cette annonce est aussi importante car la BEI va financer jusqu’à 1.000 milliards d’euros d’investissements dans l’action pour le climat et le développement durable au cours de la prochaine décennie. Désormais, un euro sur deux investi par la BEI d’ici 2025 sera dédié à des projets environnementaux, nous serons vigilants pour que ces promesses soient bien concrétisées. Ce qui nous préoccupe maintenant c’est de réussir à bloquer les projets d’intérêts communs (PIC) d’infrastructures fossiles avancés par la Commission. Nous n’atteindrons pas la neutralité carbone en 2040 si nous continuons de bâtir un système énergétique alimentant l’emballement climatique ».

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