Contre la folie EuropaCity, cultiver le bien commun
Il faut stopper ce gigantesque projet de centre commercial et de loisirs. Alors que le Grand Paris cherche sa transition écologique, les terres de Gonesse seraient une chance unique pour le maraîchage de proximité et la permaculture. Une tribune parue dans Libération et co-signée par José BOVÉ Pascal DURAND et Eva JOLY.
Un mastodonte est annoncé aux portes de Paris : à 15 kilomètres au nord du périphérique, à Gonesse, est prévue en 2019 la construction d’un des plus grands centres commerciaux au monde. Son nom ? EuropaCity. Voulu par le groupe de grande distribution français Auchan, cofinancé par le géant de l’immobilier chinois Wanda, ce «pôle de loisirs, de commerces, de culture et d’hôtellerie» engloutirait sous le béton 80 hectares de terres agricoles, parmi les plus fertiles d’Europe.
Les chiffres avancés par EuropaCity donnent le tournis : 250 000 m² consacrés au commerce, 150 000 aux loisirs et 2 700 aux chambres d’hôtel, pour un coût estimé à 3,1 milliards d’euros, auquel il faut ajouter 1 milliard d’euros d’investissement public pour la gare. Immochan, filière immobilière d’Auchan, affiche de grandes ambitions, annonçant plus de 30 millions de visites par an, soit deux fois la fréquentation de Disneyland Paris, première destination touristique en Europe.
Pour concevoir cette nouvelle infrastructure, la famille Mulliez, propriétaire d’Auchan, s’est appuyée sur les dernières trouvailles en marketing, qualifié d’«expérientiel». Les consommateurs boudent les hypermarchés classiques ? Qu’à cela ne tienne : avec EuropaCity, ils vivront une expérience d’un type nouveau, associant dans un même lieu activités de loisirs, consommation culturelle et shopping. Comme à Dubaï, une piste de neige artificielle permettra de skier en plein été. Et comme au Mall of America de Minneapolis, les visiteurs feront l’expérience du parc d’attractions, du dîner et d’une nuit d’hôtel sur place, sans jamais quitter l’espace prévu à leur intention.
Immochan a cherché à donner au programme une apparence de compatibilité avec les exigences du développement durable : des bâtiments économes en énergie, des espaces verts et même une «ferme urbaine» sont au menu. Mais nul besoin de se livrer à de savants calculs pour mesurer le gâchis que signifierait le bétonnage des terres limoneuses du triangle de Gonesse, idéales pour les céréales et le maraîchage, ou pour entrevoir le bilan énergétique d’un mégacomplexe climatisé dédié à l’hyperconsommation. EuropaCity est en contradiction flagrante avec les engagements pris par la France lors de la signature de l’accord international de Paris sur le climat. Cela se passait en décembre 2015, au Bourget, à quelques encablures du terrain retenu pour EuropaCity.
Lire la suite de la tribune sur le site de Libération : http://www.liberation.fr/debats/2017/11/30/contre-la-folie-europacity-cultiver-le-bien-commun_1613658