Effet des écrans sur les enfants : Michèle Rivasi saisit la Commission européenne
Une étude scientifique de très grande ampleur, financée par le gouvernement des États-Unis, analyse le fonctionnement du cerveau de 11 000 enfants exposés aux écrans et suivis durant 10 ans. Cette vaste recherche veut savoir si le temps passé devant les écrans a un effet sur le développement du cerveau des enfants, mais aussi sur leur développement émotionnel et leur santé mentale. Les résultats préliminaires de cette étude, dévoilés par la chaine télévisée CBS et fondés sur les IRM de 4500 enfants âgés de 9 et 10 ans, sont particulièrement préoccupants.
Réaction de Michèle RIVASI :
« Selon les premiers résultats de cette étude, les enfants de 9 et 10 ans qui passent plusieurs heures par jour devant un écran de téléphone, de tablette, ou de jeux vidéo montrent un amincissement prématuré du cortex. Cet amincissement de la couche la plus externe du cerveau, impliqué notamment dans le traitement des informations provenant des cinq sens, a lieu en général plus tard dans la vie. On ne sait pas encore si cet amincissement du cortex sera durable ou amplifié. est la première fois, notons-le, qu’un tel effet de « remodelage » du développement du cerveau est mis en évidence.
Cette étude montre aussi que les enfants restant en moyenne plus de deux heures par jour devant un smartphone, une tablette ou un écran de télévision ont de moins bons résultats aux tests de langage et de logique. Les analyses IRM de cerveaux d’ados regardant leur fil Instagram révèlent l’activation des circuits de la récompense, favorisant des comportements addictifs. D’autres données, issues des services d’urgence, montrent aussi que les cas d’automutilation ont triplé chez les filles entre 10 et 14 ans, qui ont grandi avec des téléphones intelligents, les réseaux sociaux. Ce phénomène inquiétant évoque d’autres conclusions d’études constatant que plus on passe de temps sur les réseaux sociaux et plus l’estime de soi est diminuée.
Quelles actions préventives souhaite mettre en place la Commission eu égard aux résultats préliminaires de cette étude menée aux États-Unis ? Comment et selon quelle feuille de route la Commission a-t-elle prévu de communiquer à ce sujet ? Quelles recommandations prévoit-elle de formuler à destination des parents, des enfants et des personnels s’occupant des jeunes enfants ? Quelles recommandations aussi à destination des États-Membres de l’Union, alors que l’on pousse à la 5G et à l’école numérique, cause d’un usage toujours plus intensif des écrans ?
Cette étude souligne l’ampleur de l’expérience à temps réel en train de se dérouler autour de nous, sous nos yeux et sans aucun contrôle ou presque, et dont nos enfants sont les premiers cobayes. Nous devons prendre conscience de l’impact des écrans sur le développement et la santé psychique des plus jeunes et des générations futures. C’est une évidence que nous sommes nombreux à répéter depuis des années : il est urgent d’agir pour limiter les abus d’écrans. »