Elections à Madagascar : vers un renouveau politique tant attendu
La future nomination du premier Président de la IVème République de Madagascar est donc le résultat de longues et difficiles négociations avec les différentes forces actuellement en place, qui ont permis une tenue d’élections conformes aux obligations et engagements régionaux et internationaux, auxquels Madagascar a adhéré. Ainsi, après la promulgation de la Constitution de la IVème République en 2010, des institutions et organes de la transition inclusive et consensuelle ont été instaurés, le Code électoral a pu être révisé et une Cour électorale a été mise en place.
Depuis août dernier, trente-trois candidats ont été désignés officiellement. Le paysage politique s’apaise : dans cette liste n’apparaissent plus les noms des trois personnalités contestées par la communauté internationale, à savoir le président de la transition Andry Rajoelina, l’ancien président malgache Didier Ratsiraka et l’ex-première dame Lalao Ravalomanana. Même si chacun d’entre eux soutient son propre candidat… le processus démocratique est en marche.
Si toute l’attention se porte sur les élections présidentielles, dont le second tour est prévu pour le 20 décembre, les élections législatives permettront quant à elles de connaître les forces réelles des différents partis politiques malgaches, et d’engager ainsi des négociations avec des organisations réellement représentatives.
A quoi sert la Mission d’observation électorale de l’Union européenne ?
Aujourd’hui, tous les partis craignent des troubles après le scrutin. Et pour cause : restituer l’autorité de l’État et la légitimité des institutions nationales est un défi immense. Cela permettra au peuple malgache de redresser le pays, d’instaurer une paix sociale et de repartir sur un projet de société à long terme. Le rôle de la mission d’observation électorale de l’Union européenne est, dans ce contexte, d’accompagner les différentes phases du processus électoral, depuis le dépouillement du scrutin jusqu’aux éventuels contentieux électoraux et à la proclamation des résultats définitifs. Elle garantit une objectivité incontestable.
Pour l’écologiste Jean-Jacob Bicep, participer à cette mission, « c’est soutenir des outils diplomatiques de promotion de la démocratie, des droits humains et de l’État de droit, en jouant un rôle de témoin extérieur qui appuie la crédibilité des processus électoraux en cours. » L’eurodéputé EELV souhaite appuyer les forces politiques engagées dans ce combat politique ambitieux afin d’élire des dirigeants stables.
Ces élections représentent un enjeu majeur pour l’avenir économique de la grande île. Madagascar connaît une très grande pauvreté puisque selon la Banque mondiale, neuf Malgaches sur dix vivent sous le seuil de pauvreté, soit 92 % de la population. « Participer à ce retour à l’ordre constitutionnel, c’est témoigner de l’intérêt qui existe à voir Madagascar reprendre les coopérations internationales desquelles le pays a été suspendu et lui redonner l’opportunité de jouer son rôle sur le plan régional et international, poursuit Jean-Jacob Bicep. C’est aussi, et surtout, permettre de redonner un souffle d’espoir à une population qui a assez souffert. »
Après le scrutin, Jean-Jacob Bicep, en collaboration avec l’ensemble de la mission, rédigera une évaluation précise, détaillée et impartiale du déroulé des élections, conformément au cadre juridique national ainsi qu’aux obligations internationales signées par les pays hôtes. Cette évaluation approfondie du processus électoral donnera des recommandations détaillées et concrètes pour les scrutins à venir, et sera présentée aux autorités et à l’ensemble des citoyens malgaches dans un délai de un à deux mois suivant la proclamation des résultats définitifs.