Epandage de Pesticides : la triple tromperie du gouvernement est injustifiable !

30 décembre 2019

Les décret et arrêté du gouvernement relatifs aux mesures de protection des personnes lors de l’utilisation de produits phytopharmaceutiques à proximité des zones d’habitation sont parus (1). Ces textes, en vigueur au 1er janvier 2020, prévoient que l’épandage des pesticides en France ne pourra avoir lieu qu’à partir de 5 à 10 (et exceptionnellement 20) mètres des habitations ou des établissements scolaires, voire «ramenées à 3 mètres pour les cultures basses ou la viticulture». Des chartes départementales validées par les préfets pourront encore réduire ces distances. Ces décisions à minima, contraires à l’avis de l’écrasante majorité des populations exposées et des élus ayant pris des arrêtés anti-pesticides, ne protègeront pas les résidents des effets toxiques des pesticides. Réaction de Michèle RIVASI.

 

Leurs fondements sont de plus faussement scientifiques, dénonce l’eurodéputée EELV Michèle Rivasi :

TRIPLE MENSONGE PAR OMISSION
Le gouvernement annonce que ces décisions s’appuient sur un avis scientifique donné en juin dernier par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). L’affirmation est mensongère pour au moins trois raisons. Tout d’abord parce que les distances de 5 et 10 mètres mentionnées peuvent être « supérieures, par mesure de précaution, en particulier pour les produits classés cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction », indique l’ANSES.(2)

L’avis de l’ANSES s’appuie aussi sur une méthodologie incomplète et en cours de révision, élaborée par l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) à partir « de données limitées issues d’études effectuées dans les années 1980 et sur les données de US EPA, » l’agence américaine de protection de l’environnement. La méthodologie ne prend pas non plus en compte les effets cocktails cumulés, signale ainsi l’ANSES. (3)

Autre omission, la communication du gouvernement passe sous silence une étude parue en mai 2019 comparant la contamination de 315 pesticides dans les brins d’herbe de 71 terrains de jeu pour enfants proches de vergers et de terrains agricoles. Ses résultats montrent la présence d’au moins un pesticide dans la moitié des terrains de jeu et qu’une distance d’au moins 100 mètres est requise pour atteindre une contamination par des pesticides réduite à zéro. (4) Les archives de la pollution de l’air du réseau ATMO France, qui constatent entre 2002 et 2017 la présence de 40 à 90 pesticides dans l’air des villes françaises, confirment la continuelle dérive des pesticides. (5)

Ces études de 2019 révèlent l’étendue du problème réel et la « réalité alternative » dans lequel évoluent nos ministres de l’agriculture et de la transition écologique.

PETITESSE ET DENI DE REALITE
Les mesurettes annoncées sont ridicules et grotesques. La scandaleuse petitesse de ces zones de non-traitement, si réduites qu’elles n’engagent à rien ou presque, renvoient le gouvernement à son incapacité à sortir d’un système mortifère. L’immobilisme règne jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. Après les décisions sur l’huile de palme, le tout routier, la fin du plastique jetable en 2040, l’envolée des coûts du nucléaire, ces « fake-zones de non-traitement » témoignent de l’écologie de pacotille, l’écologie des lobbys, dont la Macronie porte une nouvelle fois la marque. Les arrêtés anti-pesticides vont rester au coeur des élections municipales à venir.

(1) Journal Officiel du 29 décembre 2019

(2) (3) Avis de l’ANSES suite à une demande d’appui scientifique sur les mesures de protection des riverains lors de l’utilisation des produits phytosanitaires

(4) Linhart, C., Niedrist, G.H., Nagler, M. et al. Pesticide contamination and associated risk factors at public playgrounds near intensively managed apple and wine orchards. Environ Sci Eur 31, 28 (2019

(5) Les pesticides polluent aussi l’air que respirent les français, Le Monde, 18 déc 2019

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