Face aux dérives du PPE, il faut un sursaut politique
Dans deux articles publiés les 26 novembre et 1er décembre 2021, Libération révèle un grand nombre de fraudes, d’abus de biens publics, de conflits d’intérêts et de trafics d’influence à la Cour des comptes européennes (CCE), à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), mais aussi à l’Office européen de lutte antifraude (OLAF).
Le point commun de toutes ces institutions ? Elles sont dirigées par des hommes issus du Parti populaire européen (PPE – dont Les Républicains sont membres).
Ces articles exposent le fonctionnement de cet entre-soi masculin où l’on se réunit pour des dîners ou des chasses, dont certaines au château de Chambord, entre politiques, grands patrons, lobbyistes et autres personnalités d’influence, souvent aux frais du contribuable européen.
Surtout, la commission du Contrôle budgétaire (CONT) du Parlement européen, dont la mission est de veiller à la bonne utilisation des budgets de l’Union européenne, a fait mine de se saisir du cas de Klaus-Heiner Lehne, le président de la Cour des comptes européenne, en organisant une audition. Mais la présidente de cette commission, Monika Hohlmeier, a publiquement soutenu Klaus-Heiner Lehne, critiqué les Verts qui demandaient des comptes et attaqué la presse. Cette audition, extrêmement rapide, sans enquête, était destinée à offrir une tribune à M. Lehne et à lui permettre de dicter ses conditions d’accès aux documents utiles – conditions que Mme Hohlmeier s’est empressée d’accepter pour la commission CONT. Or, M. Lehne et Mme Hohlmeier sont tous les deux membres… du PPE.
Une autre personnalité importante, le commissaire au Budget, Johannes Hahn, est concerné par les révélations, qui mettent au grand jour ses liens étroits et non-déclarés avec les lobbys et avec les personnes chargées de le contrôler – dont Monika Hohlmeier et Klaus-Heiner Lehne. Surprise, M. Hahn est également membre… du PPE.
Ainsi, au plus haut de l’Union européenne, face aux soupçons de fraudes et de trafics d’influence, le PPE protège… le PPE. Cela doit cesser.
Nous exigeons la transparence.
Klaus-Heiner Lehne, qui a fait preuve de sa mauvaise foi et entrave la transparence nécessaire, doit démissionner.
Des investigations doivent être menées par le Parquet européen pour que des sanctions soient prises contre toutes les personnes impliquées. Cette enquête doit être doublée par un audit externe, effectué par un prestataire complètement indépendant des institutions européennes et de leur sphère d’influence.
Les codes de conduite doivent être appliqués et réformés, les registres de transparence réellement remplis et les rendez-vous avec les lobbys publiés par tous les membres des institutions européennes. L’organe d’éthique indépendant, dont la création a été adoptée par le Parlement européen en septembre, doit être rapidement mis en place et avoir les moyens d’enquêter.
Au Parlement européen, le groupe Verts-ALE demande une réunion conjointe des commissions des Budgets (BUDG) et CONT pour décider des suites politiques à donner à ces révélations.
Ne laissons pas le PPE creuser la tombe de l’Union européenne en offrant aux populistes des cartouches permettant d’abattre ce qu’il reste d’exemplaire dans nos institutions. Les pratiques du PPE sont condamnables, mais nous devons les empêcher d’entacher celles et ceux qui se battent pour la survie d’un projet solidaire et ambitieux pour l’avenir des peuples européens.
La transparence et la fin des conflits d’intérêts sont depuis longtemps une priorité des écologistes car le manque de probité et d’éthique des responsables politiques européens et l’opacité des décisions publiques dégrade les politiques publiques et met en danger notre démocratie et l’intérêt général.
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