Glyphosate : le troisième procès Monsanto punit les mensonges de l’entreprise
Un jury californien a condamné Monsanto à verser plus de 2 milliards de dollars à Alva et Alberta Pilliod, un couple de retraités atteint chacun du même cancer, un lymphome non hodgkidien, associé à l’usage du Roundup. Analyse et réaction de Michèle RIVASI.
Après le premier procès Johnson contre Monsanto et son verdict historique à 2,484 millions de $ (ramené ensuite à 78,5 millions $), puis le second procès Hardeman contre Monsanto et la condamnation à verser 80 millions de $, et maintenant ce montant record de ce troisième procès Pilliod contre Monsanto, le total des réparations demandées à Monsanto atteint maintenant 2,424 milliards de $. Il reste 13 400 plaintes en attente de jugement aux Etats-Unis.
Pour Michèle RIVASI, engagée dans lutte contre les lobbys industriels, listée au sein des fichiers Monsanto et à l’origine de la Commission Pesticides au sein du Parlement Européen :
« Ce verdict est évidemment une très bonne nouvelle. Au delà du montant record et historique des réparations demandées, il y a une réelle volonté de punir des années de magouilles, de mensonges, de déni et de falsification des informations que les ONG dénoncent depuis longtemps. L’accès aux documents internes comme les Monsanto Papers, et aujourd’hui chez nous le fichier Monsanto, prouve l’ampleur et l’historique des manipulations. On se retrouve à avoir sous les yeux, pièce par pièce, les preuves de la préméditation et la continuité de la stratégie d’intox et de fabrication du mensonge que cultive une société comme Monsanto.
Les jurés ont reconnu que Monsanto avait agi avec « malveillance, oppression ou fraude », c’est pourquoi la décision de « punir » Monsanto est si forte. Les gens en ont marre de se sentir abusés et trompés. Dès lors que les méfaits sont documentés et rendus publics, il y a une profonde soif de justice contre les manigances répétées des grandes groupes, quelques qu’ils soient.
Pendant que des parlementaires français sous influence entretiennent le doute quant à la dangerosité avérée du glyphosate, c’est pourquoi les révélations des Monsanto Papers et du fichier Monsanto, comme auparavant celles des Tobacco Papers, sont tellement importantes.
Ce jugement est aussi un avertissement pour tous les autres lobbys industriels : les mensonges, les omissions, les falsifications scientifiques seront payées au prix fort. »