Gouvernance macroéconomique de l’UE : de la nécessité de faire face à l’urgence climatique et sociale
Après des mois d’attente, la Commission européenne a finalement présenté, ce mercredi 26 avril, des propositions visant à réformer la gouvernance macroéconomique de l’Union européenne, notamment le fameux Pacte de stabilité et de croissance.
Pour les écologistes français·es, la proposition de la Commission de modifier des règles budgétaires, inappliquées depuis le début de la pandémie de Covid-19, est bienvenue. Malheureusement, les pistes avancées par la Commission ne sont pas à la hauteur des enjeux et ne permettront pas de faire face aux deux grands défis des prochaines années et décennies : l’urgence climatique et l’urgence sociale.
Karima Delli, Claude Gruffat et Damien Carême, eurodéputé·es écologistes du groupe Verts/ALE et membres de la commission des Affaires économiques et monétaires (ECON) du Parlement européen, commentent :
« Notre sentiment est très mitigé aujourd’hui. Depuis plus de deux ans, nous attendons que la Commission européenne pose les bases d’un avenir meilleur pour la planète et pour nos concitoyennes et concitoyens. Or, la montagne a accouché d’une souris, l’institution ne proposant aucun changement de paradigme », a déclaré Karima Delli.
« Nous partageons un constat avec la Commission : les règles budgétaires sont obsolètes et doivent impérativement être revues. Elles ne sont plus appliquées depuis 2020 et faisaient déjà l’objet de nombreuses critiques fondées, avant même la pandémie. Ces règles du vieux monde ont favorisé des décennies de sous-investissements, investissements pourtant nécessaires au financement de la transition verte et juste. Cependant, les commissaires ne semblent pas avoir pris la pleine mesure des urgences climatique et sociale, qui doivent être notre boussole politique aujourd’hui », affirme Claude Gruffat.
« Pour nombre de citoyennes européennes et de citoyens européens, les politiques budgétaires imposées par « Bruxelles » n’ont comme objectif que d’imposer l’austérité partout dans l’Union européenne. Face à cette défiance toute légitime, et à rebours des propositions de la Commission, nous nous battons pour que le Parlement ait un rôle de premier plan dans les négociations. Insuffler de la démocratie dans la conception de nouvelles règles budgétaires est un des moyens de surmonter l’hostilité croissante des Européennes et des Européens face aux “diktats de Bruxelles” et d’aboutir à des règles véritablement sociales et écologiques pour mener à bien la nécessaire transition durable et juste », souligne Damien Carême.
Fin octobre 2022, le groupe Verts/ALE au Parlement européen avait présenté un document de propositions politiques pour répondre à ces défis majeurs.
« Nous avons travaillé pendant deux ans pour formuler des préconisations qui doivent nous permettre de préserver notre planète et répondre aux préoccupations de nos concitoyennes et concitoyens. En désactivant, de fait, la règle des 3 % de PIB de déficit public nominal, par le biais d’un mécanisme d’amortissement des investissements verts et sociaux, nous pourrions nous assurer de la durabilité tant de notre planète que de nos dépenses publiques. Ce n’est malheureusement pas l’approche retenue par la Commission européenne ici », regrettent les trois eurodéputé·es.
Les propositions venant d’être publiées, les co-législateurs vont pouvoir commencer à plancher dessus au cours des prochaines semaines et prochains mois.
« Nous espérons maintenant que chacune et chacun saura prendre ses responsabilités pour améliorer les propositions de la Commission. Les générations futures ne nous pardonneront pas un manque de courage politique », concluent Mme Delli, M. Gruffat et M. Carême.
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