« La France n’a pas joué le jeu » en s’opposant à une meilleure rémunération des congés parentaux
Karima DELLI, a jugé, sur franceinfo, qu’Emmanuel Macron n’avait pas respecté sa promesse de campagne sur une meilleure rémunération du congé parental.
Le Conseil européen se prononce, jeudi 21 juin, sur un projet de directive concernant les congés parentaux. Dans sa version initiale, le texte baptisé « équilibre vie privée/vie professionnelle » prévoyait d’augmenter l’indemnisation du congé parental, comme un congé maladie, notamment pour convaincre les hommes de le prendre plus souvent. Mais le texte a été vidé de sa substance, 14 pays se sont opposés à ce congé parental mieux rémunéré dont la France. Selon la ministre de la Santé, le coût s’élèverait à 1,6 milliard d’euros pour l’État. Finalement, dans le texte présenté, jeudi, ce sera aux États membres de définir le niveau de rémunération du congé parental.
Des conclusions qui étonnent Karima Delli, députée européenne du groupe Europe Ecologie-Les Verts et membre de la commission consacrée aux droits des femmes et à l’égalité des genres. Invitée jeudi sur franceinfo, elle estime que « la France n’a pas joué le jeu parce qu’elle a vidé le texte de sa substance. Elle aurait dû jouer le rôle du pays leader et convaincre ses voisins […] elle n’a pas compris l’enjeu qu’il y avait derrière cette bataille ».
franceinfo : Est-ce que vous nous confirmez que cette harmonisation des congés parentaux a bien été abandonnée ?
Karima Delli : À l’heure où je vous parle, ce sujet sera encore abordé ce jeudi après-midi et donc on ne sait pas réellement ce qui va en sortir. Depuis le début, on a des pays qui bloquent, des États qui sont frileux dès lors qu’il s’agit d’imaginer une rémunération voulue par Bruxelles. Là, on voit bien que sous la pression populaire, la France a un peu changé et s’est cachée derrière une proposition très vague : on parle de rémunération adéquate décidée au niveau national. La France n’a pas joué le jeu parce qu’elle a vidé le texte de sa substance. Elle aurait dû jouer le rôle du pays leader et convaincre ses voisins, elle ne l’a pas fait et c’est donc assez décevant, car elle n’a pas compris l’enjeu qu’il y avait derrière cette bataille. Cette bataille n’est d’ailleurs pas finie, nous n’avons pas dit notre dernier mot et nous allons avoir un vote le 11 juillet prochain. Après, il y aura une confrontation entre le Conseil et le Parlement européen.
La ministre de la Santé parle d’un coût d’1,6 milliard pour cette mesure. Comprenez-vous cette réserve sur le plan financier ?
Non, je ne le comprends absolument pas dans la mesure où on ne voit pas les avantages du congé parental. C’est une meilleure répartition des responsabilités familiales entre les hommes et les femmes. Le père peut s’occuper des enfants permettant à la mère de retravailler tranquillement. Il y aura moins de discriminations à l’embauche pour les femmes, plus d’égalité salariale. Le texte prévoit aussi un congé pour les aidants, pour pouvoir s’occuper d’une personne de notre entourage qui est malade et dont on est responsable. Il n’y a vraiment que des aspects positifs et je ne comprends pas qu’on puisse être aujourd’hui sur les arguments financiers. Il n’y a pas vraiment d’études qui ont été établies, il faudrait justement en faire. On sait que ça rapporterait des milliards si ces femmes accèdent aussi à l’emploi et tout ce qu’il y a derrière en termes de pouvoir d’achat. Donc, pour moi, c’est un argument qui ne tient pas lorsque l’on voit qu’il y a déjà des pays européens qui le mettent en œuvre…
Entretien à retrouver dans son intégralité sur le site de France Info.