La nouvelle PAC sera bien moins respectueuse de l’environnement

1 juin 2018

Entre restrictions budgétaires et réforme de sa mise en œuvre, la politique agricole commune (PAC), la plus ancienne de l’Union, dévoilée vendredi 1er juin, risque d’être marquée par des baisses de financement drastiques et une renationalisation. José Bové s’en alarme dans L’Obs.

Un budget en forte baisse, un pouvoir accru des Etats, une faible prise en compte des enjeux environnementaux… La politique agricole commune qui se dessine en ce moment à Bruxelles vous inquiète-t-elle ?

Nous n’aurons le texte final de la Commission que demain, vendredi 1er juin. Mais les fuites que nous avions se confirment : la nouvelle PAC sera bien moins respectueuse de l’environnement et nous sommes toujours dans la même logique d’ouverture des marchés et de renationalisation de la PAC.

Je suis ainsi très inquiet de voir que la politique agricole est de moins en moins commune : chaque Etat suit sa propre logique interne et nous tournons petit à petit le dos à quarante ans de construction européenne. Car ne l’oublions pas, l’agriculture fut l’outil principal de cette construction. La renationalisation de la PAC ouvre la voie aux petites guerres entre les Etats. A partir de là, tout part en vrille. Il faut que la France s’oppose à cette nouvelle PAC !

En ce qui concerne le budget, il est en baisse, et pas seulement à cause de la sortie de la Grande-Bretagne. Le commissaire européen a annoncé qu’il baisserait de 5%, passant de 408 milliards d’euros à 365 milliards d’euros. Mais ces chiffres sont apparemment minorés : la baisse de la PAC devrait atteindre les 12% pour la période 2021-2027. Et pour le second pilier, celui qui concerne le développement durable, elle atteindrait 25%. Clairement, la défense de la biodiversité n’est plus la priorité.

Quelle est la position de la France dans ce contexte ?

Je viens d’apprendre que la France organisait en urgence une réunion ce jeudi avec l’Italie, l’Irlande, l’Espagne, le Portugal et la Finlande, pour s’opposer aux propositions de la Commission et au budget de la PAC tel qu’il se dessine. Je n’en sais pas plus pour l’instant mais c’est un bon signal.

Il faut savoir que les politiques financières sont très différentes selon qu’on fait partie, en gros, des 15 pays de l’Ouest, ou des 12 de l’Est. Là il y a une vraie fracture. Le rééquilibrage des aides va vers plus d’harmonisation mais nous n’y arriverons pas avant le milieu des années 2030. Ensuite, le rééquilibrage entre les agriculteurs devrait dépendre davantage des Etats.

Stéphane Le Foll [ministre de l’agriculture sous François Hollande, NDLR] avait choisi de pousser les zones d’élevage par rapport aux zones céréalières. D’autres pays ont agi en ce sens. En fait, les politiques agricoles des Etats sont un vrai patchwork. Ce sont des jeux de pouvoirs, de lobbying, sans réelle vision européenne. Et le modèle dominant, en France comme ailleurs, reste le modèle agro-industriel. Aucun pays ne déroge…

Entrevue complète sur le site de L’Obs.

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