La solidarité ne devrait pas être un crime

3 juin 2022

Des député·e·s européen·ne·s se rendent à Riace afin de soutenir Mimmo Lucano

Aujourd’hui, le 3 juin 2022, une délégation de député·e·s européen·ne·s de groupes politiques progressistes ont tenu une conférence de presse aux côtés de l’ancien maire de Riace, Domenico « Mimmo » Lucano, qui a été condamné à 13 ans et 2 mois de prison pour « association de malfaiteurs en vue de favoriser l’immigration clandestine, la fraude, le détournement de fonds et l’abus de pouvoir ». Comme « Mimmo », de nombreuses personnes solidaires, y compris des autorités locales, font injustement l’objet de poursuites et de condamnations, au sein de plusieurs États membres, pour avoir fait preuve de solidarité envers les exilé·e·s en recherche de protection au sein de l’Union européenne.

Les député·e·s européen·ne·s se sont rendu·e·s à Riace, non seulement, pour exprimer leur solidarité avec Mimmo Lucano, mais aussi pour réitérer leur engagement en faveur d’une politique européenne accueillante, basée sur la solidarité et l’humanité. Ils ont visité les installations composant le « modèle de Riace », qui a été salué, entre autres, par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Tandis que l’espace de la société civile en Europe est de plus en plus menacé et que la criminalisation de la solidarité est en hausse, Damien Carême, Rosa D’Amato et Cornelia Ernst entendent appeler, avec les représentant·e·s de la société civile engagé·e·s sur le terrain, à de véritables changements de discours, de politiques et de pratiques.

Mimmo Lucano, ancien maire de Riace, commente :

« Je ne suis pas le seul à souffrir de la criminalisation de la solidarité, mais de nombreuses personnes et organisations sont concernées. Il y a eu de nombreuses tentatives de répression. La notoriété de Riace est importante notamment parce qu’ici, l’immigration apporte une solution. J’ai représenté, à partir de ce lieu, l’Italie et le monde du respect des droits de l’Homme, surtout pour les personnes fuyant les guerres. L’humanisme est le tourment de ceux qui veulent des barrières. »

Damien Carême, député européen Verts/ALE, membre de la commission des Libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, commente :

« En tant que maire, Mimmo a refusé l’inaction de l’État, pallié aux défaillances des politiques européennes et prouvé qu’un autre modèle est possible. Sa condamnation et les poursuites lancées à l’encontre de tant d’autres élu.e.s, associations et citoyen.ne.s solidaires au sein de l’Union européenne doivent être dénoncées et immédiatement cesser.
Ces dérives sont d’autant plus inacceptables que, dans le contexte de la guerre en Ukraine, l’Union européenne a prouvé qu’elle était capable d’accueillir dignement et de protéger les exilé·e·s. Cela devrait être fait à l’égard de tou·te·s les exilé·e·s.
Ici, à Riace, symboliquement, nous nous devons de poursuivre nos actions en faveur d’une Union européenne accueillante, solidaire, à la hauteur de ses valeurs. Nous ne nous arrêterons pas car nous prouvons tous et toutes chaque jour, qu’une autre voie est possible. »

Rosa d’Amato, députée européenne italienne Verts/ALE, membre de la commission du Développement régional, commente :

« En nous rendant ici à Riace, nous répétons ce que nous disons depuis toujours : nous voulons une Europe accueillante. Une autre voie, basée sur la solidarité et la justice, est possible. Nous devons changer la rhétorique et faire de l’accueil notre valeur clé. Nous devons lutter contre le rétrécissement de l’espace de la société civile et construire une société respectueuse des droits humains.»

Cornelia Ernst, députée européenne allemande du groupe de la Gauche, membre de la commission des Libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, commente :

« Nous nous sommes rendus à Riace pour exprimer notre solidarité pleine et entière et notre soutien politique à Mimmo Lucano. Je suis fortement préoccupée par le fait que la criminalisation des exilé·e·s, et de celles et ceux qui les soutiennent, y compris les autorités locales et les citoyen·ne·s, s’étend et s’intensifie partout en Europe : en Italie, en Grèce, en Croatie, en Pologne et dans d’autres États membres. Les poursuites contre Mimmo, dont l’engagement est reconnu mondialement, sont scandaleuses. La solidarité envers les exilé·e·s n’est jamais un crime, pas plus que le fait de fuir son pays. »

Partager cet article

Les commentaires sont fermés.