
Le plan de Trump pour Gaza est un non choix : la mort ou la soumission coloniale
Le prétendu « plan de paix » de Donald J. Trump n’offre qu’un choix entre la mort ou la paralysie définitive pour les Palestiniens. Selon Mounir Satouri, eurodéputé écologiste et Président de la sous-commission des droits humains, toute tentative qui nie le droit des Palestiniens à la liberté et à la pleine souveraineté sur leur terre, est voué à l’échec.
Lundi dernier, alors que le pilonnage de la bande de Gaza et l’évacuation totale de sa partie nord se poursuit, Donald Trump a donc présenté son plan dit de « paix » pour Gaza en vingt points. Un plan immédiatement approuvé par Benjamin Netanyahou venu le rencontrer à Washington. Ce plan a été élaboré sans aucune participation palestinienne. Sans aucun accord avec les pays de la région.
Et son contenu est totalement déséquilibré : il ne comporte aucun engagement précis concernant le retrait des soldats israéliens de Gaza. Il ne prévoit pas non plus le retour à la souveraineté de l’Autorité palestinienne sur Gaza. L’enclave serait au contraire soumise durablement à un protectorat dans le plus pur style néocolonial sous la direction conjointe de Donald Trump et de Tony Blair. Ce plan n’aborde absolument pas non plus la colonisation et l’annexion de la Cisjordanie et ne prévoit aucun chemin crédible vers un futur Etat Palestinien. Quelle ironie d’accorder un tel mandat, par ailleurs, à un britannique…
Bref ce qu’il offre aux Palestiniens, c’est en quelque sorte le choix entre la mort, si le plan est refusé et que les combats reprennent, ou la paralysie définitive, si il est accepté et que le gouvernement d’extrême droite israélien obtient ainsi un feu vert implicite pour poursuivre son projet d’annexion de la Cisjordanie pendant que Gaza sera géré par le cartel Trump/Blair/Netanyahou.
Un plan qui tire un trait sur l’état palestinien et le droit à l’autodétermination
Après deux ans de guerre et de siège totaux, la destruction complète de toutes les infrastructures civiles, la mort de beaucoup plus de 70 000 personnes compte tenu de toutes celles et ceux qui gisent sous les décombres, la famine et les multiples déplacements de la totalité de sa population, on est certes obligé de considérer que le fait que les quelque 1,8 million de Palestiniens survivants après le nettoyage ethnique à Gaza puissent regarder la lueur d’un cessez-le-feu et avoir une petite chance d’échapper à la mort mérite d’être examiné sérieusement.
Ce que le plan de Donald Trump permet, ce n’est évidemment pas la paix dans la région dont la communauté internationale s’accorde à dire qu’elle ne peut se faire qu’avec la cohabitation entre un Etat israélien et un Etat palestinien dans les frontières de 1967. Ce qu’il permet, c’est le piétinement du droit à l’autodétermination des Palestiniens, après leur mise à terre. Ce qu’il permet aussi, c’est la victoire du plus fort, d’un droit nouveau à une violence exacerbée, dans la droite ligne de la nouvelle redéfinition du monde par Trump et Poutine, chacuns de leur côté.
Ce plan léonin, s’il est accepté et mis en oeuvre, ne pourra selon toute vraisemblance qu’ouvrir la voie, une fois de plus et à long terme, à de futures flambées de violence, comme cela a été le cas à chaque fois que depuis 1948 Israël a utilisé ses succès militaires pour écraser davantage les droits des peuples qu’il occupe, plutôt que de s’engager vers un accord de paix équilibré et durable.
L’Union européenne a du sang sur les mains
Si les Palestiniens sont aujourd’hui confrontés à un choix aussi difficile, ne leur laissant que de mauvaises options, c’est dû pour une large part à l’incurie de la communauté internationale et en particulier au silence complice des pays qui sont censés y peser. Depuis toujours, mais en particulier au cours de ces deux dernières années, celle-ci a persisté à s’opposer à la politique génocidaire menée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu et à l’obliger à respecter les décisions de la justice internationale et de l’Assemblée générale des Nations Unies. Cela aurait pourtant changé la donne.
Au sein de cette communauté internationale, une structure porte une responsabilité particulière dans cet échec historique : l’Union Européenne. Bien que le Moyen-Orient se situe à quelques encablures de ses frontières et que le conflit Israelo-Palestinien soit de nature à déstabiliser potentiellement à la fois son voisinage immédiat et les sociétés européennes elles-mêmes, l’Europe a été totalement muette et incapable d’agir pour défendre les valeurs humanistes qu’elle prétend être fondatrices pour elle ainsi que le droit international et le multilatéralisme auquel elle prétend être viscéralement attachée. Elle a constamment refusé de prendre quelque mesure que ce soit pour s’opposer à la politique génocidaire de Benjamin Netanyahu et obliger le gouvernement israélien à changer de politique.
Du fait de son inaction, l’Union Européenne porte aujourd’hui le sang de milliers d’enfants et de femmes palestiniens sur ses mains. Elle s‘est lourdement discréditée tant aux yeux des pays du Sud Global qui lui reprochent à juste titre son double langage sur la question des droits humains qu’aux yeux des régimes autoritaires comme celui de Benjamin Netanyahou ou celui de Donald Trump, qui en déduisent, à juste titre malheureusement, que l’avis de l’Europe ne compte plus dans les affaires du monde. Ce que confirme ce dernier épisode avec une Union Européenne totalement marginalisée par le plan Trump-Blair-Netanyahu.
Le dommage considérable causé à l’Union Européenne, au droit international et au multilatéralisme du fait de l’attitude inepte des dirigeants européens depuis deux ans sera très difficile à rattraper. Mais nous n’avons pas le choix : il faut y travailler sans relâche. C’est ce à quoi je veux consacrer toute mon énergie au cours de ce mandat comme j’entends également travailler à obtenir justice pour le peuple palestinien en m’efforçant de réparer les dommages que l’Union Européenne leur a causé depuis de trop nombreuses années.
Les commentaires sont fermés.