Les écologistes défendent une classification du COVID-19 au groupe 4 des agents biologiques pour la protection des employé.e.s
Alors que la Commission s’apprête à classer le COVID-19 comme agent biologique de catégorie 3, les Eurodéputé.e.s écologistes s’inquiètent de l’inadéquation de cette décision aux vues des caractéristiques du virus. Hautement contagieux et sans traitement curatif ou prophylactique, ce virus correspond en effet dans les faits au plus haut seuil de classification, le groupe 4, auquel appartient notamment le virus Ebola. Cette classification, qui aura de lourdes conséquences pour la protection des travailleurs et travailleuses, ne peut être effectuée sans plus de cohérence avec les critères édictés et nécessite une véritable transparence dans leur application.
Un avis de la Commission peu explicable et à l’encontre des demandes des syndicats.
C’est suite à la consultation de 27 expert.e.s issu.e.s des États membres que la Commission s’est préparée à inscrire le virus au groupe 3. Ce choix pose de graves problèmes. Tout d’abord, car cet avis dévie de l’application exacte des critères édictés par la Directive sur les agents biologiques. Il se dérobe de plus au contrôle démocratique en remplaçant cette application rigoureuse par une ‘interprétation des critères dans leur globalité’, sans plus d’explications quant au raisonnement des expert.e.s consulté.e.s. Enfin, cet avis, contraire à celui des syndicats consultés par la Commission, risque d’amoindrir sensiblement la protection des travailleurs à travers l’Union alors que l’activité économique reprend. Il est donc essentiel de rétablir la transparence et la cohérence de cette classification.
Une classification motivée par les freins potentiels suscités dans les laboratoires.
Comme l’a confirmé mercredi l’audition d’un membre de la Commission par le Parlement européen, l’avis rendu par les experts consultés semble avoir été fortement orienté par la crainte que la classification du COVID-19 au groupe 4 ne nuise au développement d’un vaccin en Europe. En effet, une telle classification restreindrait en principe la manipulation de ce virus dans les seuls laboratoires P4, très rares. Mais ces inquiétudes justifient-elles de jongler avec les critères au mépris de la santé des travailleurs ? Alors qu’en classant le virus au groupe 4, la Commission pourrait chercher à appliquer de manière flexible les règles concernant les laboratoires tout en garantissant des standards adéquats de protection pour les travailleurs, elle est en voie de choisir une classification en déphasage avec la réalité de la pandémie, aux dépens de la santé et des droits des travailleurs et de la santé publique.
Le 3 juin, l’annonce sera très suivie par les écologistes.
Le groupe des Verts/EFA, qui avait interpellé la Commission par écrit sur ce sujet, s’est inquiété de la dangereuse logique soutenant la classification envisagée par la Commission. La décision, qui devrait être prise le 3 juin et s’appliquer dans les États membres avant l’automne, pourra être contestée durant un mois par le Conseil ou le Parlement. Pour assurer une transition réussie, résiliente, et socialement juste, les Eurodéputé.e.s du Groupe des Verts/EFA seront vigilants.
Mounir Satouri, membre de la commission Emploi et affaires sociales
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