Lyon-Turin : transportons les marchandises par le rail sans mégaprojet inutile et imposé !

Les écologistes s’opposent au projet inutile et climaticide du Lyon-Turin, peut-être le plus grand scandale de gaspillage d’argent public en France.

Nous nous indignons que Lyon Capitale s’appuie sur des éléments de langage de la Transalpine, un lobbyiste qui cherche à influencer l’opinion publique en faveur du projet. Il serait temps que le discours médiatique et politique sur ce projet se fonde sur des faits vérifiés, des chiffres sérieux, des expertises réelles notamment issus d’organismes ou d’institutions officielles (Cour des comptes européenne, Conseil d’orientation des infrastructures, Direction générale du Trésor). Le Lyon-Turin est un exemple fascinant de désinformation.

Prétendre que cette nouvelle infrastructure diminuera le temps de trajet de 3h entre Paris et Milan relève du mensonge. C’est un calcul délibérément trompeur qui ne prend pas en compte les arrêts intermédiaires, les temps de démarrage et de freinage à chaque arrêt, la vitesse nécessairement réduite entre Turin et Milan. Le gain de temps réel entre Paris et Milan ne serait que d’1h25, deux fois moins important que celui mentionné par le promoteur.

L’objectif de transporter 40 millions de tonnes de marchandises par le rail ne répond à aucun besoin. Les trafics routiers de marchandises sur l’axe France-Italie sont relativement stables depuis les années 1990. Les prévisions d’augmentation de trafic utilisées pour justifier le projet se sont avérées erronées mais n’ont jamais été réactualisées. La ligne existante peut permettre de reporter le trafic de marchandises, avec plusieurs améliorations simples, pour un coût bien plus raisonnable que celui de ce mégaprojet.

Le Lyon-Turin est une catastrophe programmée : financière, environnementale, sanitaire. Comme dans bien des mégaprojets de ce type, les sous-estimations initiales ont facilité les prises de décisions hâtives menant à de « mauvaises surprises » : échéances retardées, coût total qui explose. Le chantier du Lyon-Turin accuse déjà plus de 15 ans de retard et sa facture s’est envolée : le coût de la section transfrontalière devrait connaître une augmentation de 85 % par rapport à l’estimation initiale selon le rapport de 2020 de la Cour des comptes européenne. Compte tenu des retards accumulés et des difficultés techniques, il est fort probable que le coût total dépasse de plusieurs milliards le chiffre de 18 milliards d’euros annoncé par le lobbyiste.

Les personnes fragiles vivant en Maurienne vont continuer à souffrir d’une pollution excessive pendant que quelques entreprises profitent des fonds publics. Des investissements utiles sur les infrastructures existantes devraient être mise en place, notamment sur la ligne Dijon-Ambérieu-Modane et sur les nœuds ferroviaires des villes de Chambéry et Lyon. Les 20 millions d’euros du Fonds pour l’intermodalité dans le massif alpin (FDPITMA), qui pourraient financer ces investissements, sont détournés pour combler le déficit de la société autoroutière du Fréjus.

Soutien inlassable du développement du fret ferroviaire sur le territoire français, Europe écologie-Les Verts privilégie le développement rapide du report modal des marchandises vers le train grâce à l’optimisation des infrastructures existantes et par un rééquilibrage des conditions de concurrence avec la route (fiscalité, conditions de travail). L’urgence est là : améliorer l’existant pour mettre les marchandises des camions sur les trains mais aussi avoir une meilleure desserte TER / TGV des vallées alpines. EELV affirme cette position depuis 2012, suite à une convention commune, documentée et participative. C’est aussi la position des autres partis verts en Europe et du groupe au Parlement européen, ainsi que des écologistes dans toutes les collectivités de Auvergne-Rhône-Alpes.

Le projet doit être arrêté aujourd’hui. Des promoteurs et la Transalpine, lobby sans scrupule ni garde-fou, mettent régulièrement citoyen·ne·s, Union européenne et collectivités devant des faits accomplis. Même si les financements ne sont pas mis sur la table ni côté italien ni côté français, on creuse déjà la montagne, on pollue déjà l’eau, on exproprie, on crée des dégâts environnementaux conséquents. Le plus grand projet inutile de France échappe à tout débat démocratique, tout examen parlementaire et tout contrôle financier des collectivités. Il est temps qu’une forte volonté politique y mette un terme pour pouvoir enfin concentrer les ressources disponibles à un report modal rapide et à l’amélioration des transports du quotidien.

 

Signataires

Gwendoline Delbos-Corfield (députée européenne)
Michèle Rivasi (députée européenne)
Guillaume Gontard (président du groupe écologiste au Sénat)
Grégory Doucet (maire de Lyon)
Éric Piolle (maire de Grenoble)
Jean-Charles Kohlhaas (vice-président de la Métropole de Lyon)
Pierre Mériaux (Adjoint au maire de Grenoble)
Fabienne Grébert (présidente du groupe écologiste à la Région Auvergne-Rhône-Alpes)
Alexandra Caron-Cusey (conseillère régionale, Auvergne-Rhône-Alpes)
Olivier Royer (conseiller régional, Auvergne-Rhône-Alpes)
Jérôme Cucarollo (conseiller départemental de l’Isère)

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