Migrants/réfugiés : visite surprise à la police aux frontières de Menton

3 avril 2018

Trois élus, dont Michèle RIVASI, se sont déplacés à la frontière franco-italienne pour observer les conditions d’accueil des migrants et renforcer les constats des associations de terrain. Reportage de Politis.

Gare de Menton-Garavan, 6h37. Le premier train en provenance de Vintimille arrive sous les trombes d’eau et les éclairs qui strient l’opacité du ciel bleu nuit. Dans leur uniforme de la même couleur, cinq CRS s’engouffrent dans les wagons à la recherche de migrants dissimulés pour passer la frontière franco-italienne. Ils ressortent quelques minutes plus tard, bredouilles. À chaque train le même scénario, tous les jours.

Samedi 31 mars, l’eurodéputée EELV du Grand Sud-Est, Michèle Rivasi, a fait irruption par surprise dans ce quotidien pour observer les pratiques « d’accueil » des migrants, et visiter le premier étage mystérieux de la petite gare. Depuis l’année dernière, les témoignages d’observateurs locaux et de migrants eux-mêmes indiquaient qu’il servait de lieu d’enfermement. Malgré les tentatives des associations, aucune information n’a pu être obtenue pour définir le rôle de ce mystérieux étage. Les agents acceptent de faire monter Michèle Rivasi, même si c’est « en mauvais état » et surtout le lieu où ils se reposent et vont aux toilettes.

La porte verte côté parking n’est pas verrouillée. Des tommettes de l’escalier manquantes, le papier peint du corridor arraché, la lunette des WC cassée… L’endroit est insalubre. Un CRS affirme :

Hier, nous avons attrapé 41 migrants. Nous les avons fait attendre dehors, en rangs d’oignons, pour les emmener à la PAF de Menton. Nous sommes là depuis seulement quinze jours, je ne sais pas si les précédents les faisaient monter dans cette pièce pour les « stocker ».

Effectivement, pas de trace de vie. Exceptées onze chaises dans une pièce, deux dans une autre minuscule, et une dans une cuisine apparemment transformée en bureau. Des papiers traînent encore : des feuilles blanches avec des noms et prénoms écrits, des exemplaires de refus d’entrée, un petit guide sur le règlement Dublin… en anglais. Dans une pièce annexe – avec un petit radiateur électrique sous la fenêtre – d’autres documents sont collés au mur, avec des parties surlignées en orange, comme des modes d’emploi, ou des consignes. Sur la « Réquisition à transport réacheminement », la date a été masquée et une note ajoutée au crayon à papier (voir photo) : « Si presse sur place, pas d’embarquement de mineurs dans les trains pour Vintimille. » Des mineurs auraient été – ou seraient – donc renvoyés directement de l’autre côté de la frontière, sans même passer par la PAF ?

 

Article complet sur le site de Politis.

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