Pesticides perturbateurs endocriniens : la Commission a le devoir de les retirer du marché, tout de suite !
L’ONG Pesticides Action Network (PAN-Europe) vient de publier un rapport sur les autorisations abusives attribuées à des pesticides connues ou suspectées d’être des perturbateurs endocriniens. Une trentaine de substances actives ont été examinées parmi les 188 pesticides approuvées depuis juin 2011 dans l’Union Européenne. Au sein des 33 pesticides analysés, l’étude de PAN Europe constate que 31 ont obtenu une autorisation malgré l’absence des tests scientifiques obligatoires vérifiant s’ils endommageaient le système endocrinien. Et que 7 substances parmi les 31 sont identifiées depuis 2016 comme étant des perturbateurs endocriniens par le Joint Research Centre (JRC) de l’UE. La députée européenne Michèle RIVASI, en première ligne sur la question de la santé environnementale et à l’initiative de la Commission PEST au parlement européen en 2018, partage son extrême indignation sur ce nouveau scandale.
La Commission se plaît à nous rappeler qu’en matière de pesticides, nous avons en Europe la meilleure réglementation du monde… mais encore faut-il l’appliquer !
Je suis sidérée des révélations de ce rapport. A cette échelle, il s’agit d’une pratique courante et non plus d’un manquement isolé. Comment la Commission a-t-elle pu laisser passer de telles erreurs ?
QUE FAIT LA COMMISSION ? QUI EST RESPONSABLE ?
S’agit-il de négligence ou d’incompétence ? Derrière l’ampleur des infractions, le rapport de PAN Europe est d’abord révélateur d’une désastreuse manière de faire, totalement contraire à l’esprit de nos règlementations.
Comme dans le cas du REACHGATE qui nous a appris l’an passé que les 2/3 des dossiers d’enregistrement des substances chimiques autorisées en Europe n’étaient pas conformes à la réglementation Reach, les autorisations abusives et les manques de contrôle à répétition des pesticides secrètent une défiance toujours plus grande des citoyens européens envers nos institutions. La législation n’est pas respectée. La Commission ne suit même pas ses propres règles. Une fois de plus, personne n’est responsable… et les pesticides perturbateurs endocriniens continuent « comme par hasard » d’être sur le marché !
RETIRONS IMMÉDIATEMENT CES PESTICIDES DU MARCHÉ !
Ça suffit ! Je demande à la Commission Van Der Leyen d’immédiatement mettre de l’ordre dans cette accablante incurie. Qu’elle propose dès la prochaine réunion du comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale (SCOPAFF) le retrait des autorisations de mise sur le marché des substances actives pesticides reconnues perturbateurs endocriniens par l’OCDE et le JRC. Nous en avons assez d’attendre.
Suite à nos plaintes en justice, aux multiples saisines du médiateur européen, et aux nombreuses objections adoptées par le Parlement européen sur les pesticides et leurs résidus, la nouvelle Commission semble prête à vouloir bouger dans le bon sens, qu’il s’agisse de la proposition de ne pas renouveler les prolongements d’autorisations dont a longtemps bénéficié le chlorpyrifos, un pesticide neurotoxique perturbateur endocrinien causant des dommages irréversibles sur le cerveau des enfants, ou en laissant entendre un objectif plus général de réduction de 50 % des pesticides utilisés dans l’Union.
Nous attendons un signal net. La Commission Van der Leyen nous a promis une stratégie zéro pollution ambitieuse et exigeante ? De la Fourche à la Fourchette ? Compte tenu de l’ampleur de la tricherie, à elle maintenant d’agir sans délai et corriger le tir en retirant ces substances du marché. Après les mots, il faut des actes.
Le rapport présenté sur le site de Générations Futures,
la branche française de PAN Europe
https://www.generations-futures.fr/actualites/pesticides-perturbateurs-endocriniens-impasse/