Recomposition politique en Europe : les écologistes doivent devenir incontournables face à l’extrême droite et ses alliés
Avec le délitement des partis traditionnels ces dernières années, les élections qui ont eu lieu dans différents pays européens ont abouti à des résultats surprenants, où la droite comme les libéraux ont cessé d’appliquer un cordon sanitaire face à l’extrême-droite. Réaction de Michèle RIVASI et David CORMAND, co-président·e·s de la délégation écologiste française au Parlement européen.
« Ce qui vient de se passer dans le land de Thuringe aujourd’hui est un véritable séisme qui devrait inquiéter l’ensemble de la classe politique européenne. Alors que Die Linke, le SPD et les Grünen étaient en passe de créer un gouvernement minoritaire – faute de pouvoir compter sur le soutien des conservateurs de la CDU et des libéraux du FDP * – le candidat du FDP a finalement été élu (à une voix près) grâce aux voix de l’AFD. C’est une première en Allemagne où l’ensemble des partis refusaient jusqu’ici d’accéder au pouvoir grâce aux voix de l’extrême-droite. Et les Grünen exigent à juste titre que le candidat du FDP démissionne pour ne pas entériner un tel résultat.
L’entrée en politique de l’extrême-droite en Espagne en 2013 a connu un scénario similaire, qui avait alarmé l’opinion publique alors que l’extrême-droite n’existait pas en Espagne depuis le rétablissement de la démocratie. En Andalousie comme à Madrid, sans ciller, les conservateurs du PP et les libéraux de Ciudadanos ** ont réussi à prendre le pouvoir grâce aux voix de l’extrême droite. Bien évidemment, ces deux pays ont des cultures politiques et des modes de scrutin différents, mais il ressort que les alliances traditionnelles ne sont plus considérées comme allant de soi. Et que l’extrême-droite est devenue une variable d’ajustement politique.
Pire, nous constatons au sein du Parlement européen que la droite conservatrice (groupe PPE) est prête à renier son soutien a priori indéfectible à l’État de droit pour se maintenir en position dominante. C’est ainsi que le Fidesz de Viktor Orban, malgré le renouvellement de sa suspension du Parti Populaire Européen (PPE), voit ses élu.e.s continuer à siéger au sein du groupe parlementaire PPE au Parlement européen, notamment grâce au soutien de la droite française. Seule compte la force numérique du groupe, la démocratie européenne attendra.
Face à ces recompositions inquiétantes visant à assurer le maintien au pouvoir coûte que coûte de la droite et des libéraux, l’écologie politique devient le dernier rempart, le premier pilier face à l’extrême-droite. Et le seul à même de construire un projet politique résolument écologiste et porteur d’espoir pour toutes et tous. »
* parti libéral membre de Renew, le groupe politique auquel appartient La République en Marche au Parlement européen.
** parti libéral membre de Renew.