Réforme de la Politique agricole commune : Hogan est le représentant de commerce de l’agro-industrie
La Commission européenne a présenté aujourd’hui une communication sur l’avenir de la politique agricole commune (PAC). José BOVÉ exprime sa forte déception face aux intentions affichées et rappelle l’urgence d’un soutien beaucoup plus important pour les petits agriculteurs.
Réaction de José BOVÉ, membre de la Commission agriculture et développement rural :
« La communication du Commissaire européen à l’agriculture est trompeuse, dangereuse, aveugle, manipulatrice et anti-européenne;
Elle est trompeuse, car Phil Hogan met l’accent sur la force d’exportation de l’UE qui vend 131 milliards d’euros de produits. À première vue, le chiffre en met plein la vue. Mais en y regardant de plus près, le tableau est bien plus sombre. Il omet de dire que simultanément, l’UE importe pour près de 100 milliards de produits dont des millions de tonnes de protéines végétales. Le solde n’est donc plus que de 30 milliards d’euros. Ces exportations font la joie des grandes entreprises et ne sont compétitives sur les marchés mondiaux que parce que les paysans européens sont exploités, sous-payés et au bord de la faillite.
Elle est dangereuse, car elle participe à détruire l’agriculture des pays du sud en vendant des produits transformés aux classes moyennes de ces régions. Ce faisant elle détruit des centaines de milliers d’emplois agricoles principalement en Afrique. Elle pousse les enfants des paysans à l’exode rural et à émigrer. C’est la poursuite à marche forcée de la globalisation des échanges alimentaires.
Elle est aveugle en pensant que la mise en place de l’agriculture 2.0, le secours des bigdata, et l’agriculture de précision sont les réponses technologiques au défi du réchauffement climatique.
Elle est manipulatrice car elle reprend bien les termes « Agriculture durable et responsable », « commerce équitable », « solidarité », « lutte contre le réchauffement climatique » mais en les vidant de leur sens.
Enfin elle est anti-européenne car elle dope la concurrence entre États membres en permettant aux pays de moduler les aides pour être plus compétitifs que leurs voisins. Et quand les prix ne couvriront pas les coûts de production, des assurances seront mises en place pour que les plus gros agriculteurs puissent s’en sortir.
L’incapacité de Phil Hogan à réorienter la Politique agricole européenne vers ce que les Européens souhaitent est consternante. Il n’y aucune vision, aucun souffle, aucun projet. L’Europe doit se mobiliser pour la souveraineté alimentaire, produire une alimentation de qualité reposant sur un plan européen pour l’agriculture biologique et la redynamisation des zones rurales. »