Rencontre avec Reza Jafari, porte-parole des exilé·e·s afghan·e·s
En mars, Mounir Satouri rencontrait Reza Jafari, porte-parole des exilé·e·s afghan·e·s : l’opportunité d’échanges riches sur le parcours des exilé.e.s afghan.e.s comme sur les solutions pour un accueil digne des valeurs de l’Union Européenne et de la France. Une rencontre qui a également été l’occasion d’un entretien direct avec les réfugié·e·s afghan·e·s du camp de Ritsona, au Nord d’Athènes.
Témoignage en direct du camp de Ritsona (Nord d’Athènes-Grèce)
Au cours de la réunion, le contact est établi avec le Camp de Ritsona pour faire le point sur la mobilisation des demandeurs d’asile en Grèce. Une énième démonstration des violations des droits humains commises au nom de la politique migratoire européenne avec l’enfermement comme seul mode de gestion.
Le camp de Ritsona compte 1 500 Afghan·e·s et 270 familles. Seules deux associations entrent sur le camp à défaut de l’accord du Gouvernement pour laisser entrer d’autres acteurs associatifs. Cette situation humanitaire inhumaine et indigne, de précarité administrative dure pour certaines personnes depuis des années sans aucune considération des autorités. Des vies dans l’impasse, en violation absolue du droit international et des droits humains.
Sur place, la protestation se met en place. Elle prend de l’ampleur et les autorités mobilisent les forces de l’ordre en retour. Des lacrymogènes ont été utilisés et la violence est palpable. Quelques personnes ont néanmoins réussi à obtenir un premier rendez-vous dans le cadre de leur demande d’asile mais, trop souvent, un rejet intervient avant même l’entretien pour traiter la demande.
Les personnes présentes au camp de Ritsona viennent pour beaucoup du camp de Moria et peuvent être considérées comme particulièrement vulnérables (personnes âgées, en situation de handicap, malades, femmes enceintes, etc.). Lorsqu’ils sont appelés, les secours mettent du temps à arriver et des personnes sont décédées ou ont perdu leurs bébés.
Le défaut de perspective, le manque d’activité et l’enfermement impactent gravement la santé mentale des personnes, déjà laissées seules face à leurs traumatismes. Loin de pointer du doigt les seules autorités grecques c’est la responsabilité de l’ensemble des Etats membres et des institutions européennes qui doit être mise en cause. Seul un changement dans la politique migratoire européenne et la solidarité entre États membres apporteront des solutions efficaces et respectueuses de nos valeurs et de notre humanité.
Pour en savoir plus sur Reza Jafari …
Si Reza Jafari est né en Afghanistan, il a néanmoins grandi en Iran où ses parents ont fui alors qu’il était bébé. Après leur décès, il se retrouve seul confronté au racisme et à la violence et décide de fuir l’Iran à l’âge de 14 ans. Un passeur lui permet de franchir la frontière turque. Il rejoint alors la Grèce puis l’Italie et la France. Pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), il obtient la nationalité française à sa majorité.
son engagement en Afghanistan…
Un temps de retour en Afghanistan, il s’intéresse particulièrement à la situation des jeunes et monte un projet de rencontre d’enfants du monde entier en 2013. La multiplicité des ethnies rend son travail compliqué, comme le morcellement du pays géré par les chefs de guerre. En 2016, il crée un centre pour l’accompagnement des personnes traumatisées, notamment des victimes de tortures. Il crée également une école mixte dans un sous-sol de la banlieue de Kaboul accueillant jusqu’à 500 élèves ; filles comme garçons en journée et adultes en cours du soir. Il ouvre en collaboration avec Parcours d’Exil, un centre de soin. Son constat est sévère sur l’ampleur du syndrome de stress post-traumatique au sein de la population. Il y a urgence à répondre aux besoins en matière de santé mentale.
Il y aurait autour de 10 000 réfugié·e·s afghan·e·s dans les Etats de l’Union européenne mais la totalité de la diaspora afghane en Europe s’élèverait à 200 à 250 000 personnes (on estime la population en Afghanistan à environ 38 millions de personnes).
…. et en région parisienne
En 2018, il ouvre en région parisienne un accompagnement pour les mineur·e·s non accompagné·e·s (MNA) non reconnu·e·s mineur·e·s et dépose de nombreux recours aidant à la reconnaissance de leur minorité. Engagé, déterminé et militant, il est présent sur de nombreuses occupations, notamment de l’Hôtel Dieu après l’occupation de Saint-Denis.
https://www.greens-efa.eu/dossier/a-la-frontiere-franco-italienne-lurgence-absolue/
Les commentaires sont fermés.