Stratégie « De la ferme à la fourchette » : renforçons l’ambition pour un système alimentaire européen résilient !

Malgré les appels des lobbies conservateurs à la reporter, la Commission européenne a présenté ce mercredi 20 mai, sa stratégie « De la ferme à la fourchette ». Cette stratégie décline le Pacte Vert pour le secteur agricole et alimentaire. Elle y a joint également une directive sur les pesticides. Réactions de Claude GRUFFAT, Tilly METZ et Benoît BITEAU.

Déclaration de Benoît BITEAU, membre de la commission de l’agriculture:

« La stratégie de la ferme à la fourchette pose les bons constats mais n’est pas à la hauteur des enjeux. L’Europe doit s’engager dans le Pacte Vert et non dans un Pacte High-Tech. La numérisation, les robots, les images satellites limiteront l’autonomie et le revenu des paysans tout en renforçant les multinationales. Cette fuite en avant est extrêmement inquiétante.

Il est impératif de fixer des conditionnalités environnementales et sociales concrètes à la PAC. La Politique agricole commune actuelle nuit au climat et à la biodiversité mais aussi à la santé et à l’emploi dans le secteur agricole. Nous ne pouvons pas attendre 2023 pour avoir un cadre législatif contraignant. Si elle ne s’accompagne pas d’une transformation radicale de la PAC, cette stratégie restera lettre morte. Les député(e)s européen(ne)s, les paysan(ne)s et les citoyen(ne)s doivent se mobiliser pour exiger une réforme en profondeur de la politique agricole européenne qui devrait être adoptée cet automne.» 

 

Déclaration de Tilly METZ, rapporteure fictive sur la stratégie Farm 2 Fork:

« Si cette stratégie reste limitée, la volonté de la Commission européenne de s’engager davantage sur la voie de la protection des espèces et du bien-être animal vient cependant à point nommé.

La crise a montré l’absurdité de notre circuit d’approvisionnement en viande et autres produits animaliers. Arrêtons donc de traiter les animaux comme des machines de production,  raccourcissons les distances parcourues pour le transports d’animaux et jetons les bases d’un système alimentaire plus sain, plus durable et, dès lors, aussi plus végétal. Par ailleurs, je salue l’engagement de réduire la vente d’antimicrobiens pour animaux de 50%. Nous veillerons à ce que les actes se joignent aux paroles. »

 

Déclaration de Claude GRUFFAT, membre de la commission de l’agriculture:

« Il manque à cette stratégie une vraie feuille de route pour aller vers un système alimentaire résilient relocalisé. À aucun moment il n’y est question de souveraineté alimentaire. Il s’agit essentiellement d’assurer la sécurité des approvisionnements en garantissant toujours plus de transports de marchandises, ce qui ne changera rien à notre modèle alimentaire. 

Aujourd’hui, l’horizon commun européen devrait être la construction d’une politique alimentaire et territoriale commune. L’alimentation n’est pas qu’une question agricole. Nous devons changer de paradigme et relever un défi majeur à la hauteur du projet européen.

Pour répondre aux impératifs de santé publique, mais aussi aux attentes des consommateurs (trices) comme des paysan(ne)s, il faut aller plus loin dans les ambitions et l’accompagnement des conversions d’exploitations à une agriculture biologique basée sur les fondamentaux de l’agroécologie.

Seules des chaînes d’approvisionnement plus locales et une rémunération adéquate assureront notre souveraineté alimentaire et la création d’emplois dans l’agriculture.
Nous devons maintenant passer d’une Politique Agricole Commune à une Politique Alimentaire Commune !»

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