Un accord sur la PAC a été trouvé ce matin : il est loin d’atteindre les objectifs du Pacte vert
Après 3 ans de débats, un accord sur la Politique agricole commune a été trouvé ce matin entre la Commission européenne, le Conseil des ministres et le Parlement européen. Cet accord est loin de répondre aux promesses du Pacte vert sur la réduction de l’utilisation de pesticides, la protection de l’environnement, du climat et de la biodiversité, ainsi que sur la promotion de l’agriculture biologique.
Cette semaine encore, la Cour des comptes européenne a critiqué le fait que les subventions agricoles européennes continuent à alimenter la crise climatique. Les Verts/ALE voteront contre cet accord.
Benoît Biteau, député européen, membre de la commission de l’Agriculture et du développement rural (AGRI) et rapporteur fictif sur le rapport « Organisation commune des marchés » de la Politique agricole commune réagit :
« Cette réforme de la Politique agricole commune est un désastre pour le climat, la biodiversité et les paysan·ne·s.
Il y a 3 jours, un rapport de la Cour des comptes a montré que, malgré un investissement de plus de 100 milliards d’euros pour des actions favorables au climat, aucune baisse des émissions carbone n’a eu lieu entre 2014 et 2020 ; la preuve que des actions mal définies et des financements pour tout et son contraire ne forment pas une politique climatique ambitieuse.
Sans une ambition politique forte, comment peut-on imaginer que l’Union européenne parviendra à la neutralité carbone d’ici 2050 ? En conservant une distribution des aides à l’hectare plutôt qu’à l’actif, en refusant la mise en place d’un plafonnement des subventions obligatoires, en freinant sur la convergence interne, cette politique européenne maintient les injustices sociales. Les mesurettes de l’écoconditionnalité ne nous permettront pas de ralentir la perte de biodiversité qui inquiète nos concitoyen∙ne∙s.
Aujourd’hui, il est nécessaire de pointer du doigt les responsables de ce désastre social, environnemental et climatique. En premier lieu, Mme Ursula von der Leyen qui n’a pas eu le courage, en arrivant à la tête de la Commission européenne, de proposer une nouvelle réforme de la PAC, comme le groupe Verts/ALE le lui demandait. Ce manque de courage est consternant.
En second lieu, l’incapacité des ministres des 27 États membres de l’Union européenne qui n’ont toujours pas compris que l’urgence climatique nous impose des choix qui peuvent être impopulaires. L’attitude du ministre français de l’Agriculture est révélatrice ; comme ses collègues, il a tout fait pour saborder les rares avancées imposées par le Parlement européen.
Et, enfin, le Parlement européen qui n’a pas été en mesure de renverser la table.
Face à ce désastre, nous devons nous mobiliser à tous les niveaux pour que le Parlement européen rejette cette Politique agricole commune qui ne répond à aucune des demandes sociétales et qui est contraire aux Accords de Paris sur le Climat.«
Claude Gruffat, député européen, membre de la commission de l’Agriculture et du développement rural (AGRI), ajoute :
« Ce résultat n’est pas une surprise. Cette réforme restera, hélas, une occasion manquée. Pas de changement dans la distribution des aides, qui continueront à alimenter les plus grosses exploitations et un modèle d’agriculture intensif. Pas d’avancées, non plus, pour renforcer la durabilité de l’agriculture, faute d’un manque d’ambition sur le niveau et le contenu des mesures en faveur du climat et de l’environnement.
Cette réforme ne permettra ni d’accompagner les paysan·ne·s vers une transition agroécologique indispensable du modèle agricole ni d’améliorer leurs conditions sociales et de revenu.
Elle n’autorisera pas non plus l’émergence d’un système alimentaire durable sain et résilient comme le prévoit la stratégie de la ferme à la table.
Ce statu quo, largement imputable aux lobbys de l’agriculture industrielle et au conservatisme politique, est une erreur stratégique pour l’avenir de l’agriculture et d’une politique de plus en plus délégitimée, décriée par les citoyen·ne·s, et qui deviendra de moins en moins commune.«
Vous pouvez soutenir notre démarche contre cette PAC en signant notre pétition.
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