Mais que fait donc la présidence française de l’incroyable climat de confiance au Bourget ?

9 décembre 2015
A 48 heures de la cloture théorique de la COP21, Yannick JADOT analyse le projet d’accord présenté aujourd’hui au Bourget. Si le nouveau texte conserve ouvertes la plupart des options, les changements réalisés vont dans le mauvais sens.
Jusqu’à mercredi 9 décembre, 15h17, l’ambiance était plutôt détendue au Bourget à 3 jours de la fin de la COP21. Les réunions bilatérales et tractations ministérielles se sont enchainées toutes la matinée, dans l’attente impatiente de la nouvelle ébauche du texte « made in France » de la présidence de la COP21. « Nous allons y arriver », voici ce que l’on retient des ministres et négociateurs qui se sont exprimés hier lors du Comité de Paris, se félicitant des rapprochements de positions de chacun. Et puis, le texte arriva…

Quoi de neuf dans ce nouveau projet d’accord?

Si le nouveau texte conserve ouvertes la plupart des options, les changements réalisés vont dans le mauvais sens. En particulier la suppression de l’incorporation tant attendue des transports aériens et maritimes. Difficile aussi à lire sur le mécanisme de révision. Il semble que de nouveaux engagements plus ambitieux pourraient ne pas advenir avant 10 ans. Trop tard pour rectifier un tir à 3 degrés aujourd’hui.

Ce nouveau texte de la présidence française laisse pantois. Avec un tel climat de confiance, on attendait un texte ambitieux. Ce n’est pas le cas. On sait par ailleurs qu’il est beaucoup plus difficile de faire évoluer un texte dans le sens de l’ambition que dans le sens opposé. La Commission européenne devrait réagir vivement. Les organisations de la société civile ont commencé à investir le centre de conférence pour dénoncer cette frilosité. La mobilisation doit casser la perspective d’un consensus mou et dangereux et dégager toute résignation.

Les émissions du transport maritime international et de l’aviation n’apparaissent plus dans le projet d’accord…

Le transport aérien et maritime a toujours réussi à passer entre les maillons des responsabilités climatiques, de part notamment leur caractère international tel que défini au sortir de la deuxième guerre mondiale. Je reconnais volontiers que la question est délicate, entre la pression des lobbys, et la volonté des pays insulaires et en développement de ne pas s’attaquer à ce qu’ils considèrent comme un facteur de développement économique et, pour certains, de désenclavement. L’Union européenne est la seule à être parvenue à s’attaquer à ces secteurs clés (responsables de 5°% des émissions globales de CO2). Comme le rappelle justement l’association Transport&Environment, si ces deux secteurs étaient considérés comme des pays, ils seraient dans les 10 plus grands émetteurs. Au cours des dernières années, leurs émissions ont augmenté deux fois plus vite que celles de l’économie mondiale – une hausse de 80% de la production de CO2 dans ces deux secteurs entre 1990 et 2010, contre 40% pour les émissions provenant de l’activité économique mondiale – et si rien n’est fait, elles continueront à croitre jusqu’à 270% à l’horizon 2050… Peut-on vraiment se permettre de les exonérer de leurs responsabilités ?

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